Boeing devrait supprimer cette année des centaines d’emplois à l’usine de North Charleston où sont assemblés les 787 Dreamliner, dont l’immobilisation depuis le 16 janvier dernier commence à faire souffrir financièrement les pilotes japonais. Selon le Wall Street Journal du 28 février 2013, la ligne d’assemblage des Dreamliner en Caroline du Sud va faire les frais d’un plan de réductions des coûts, mis en place avant les problèmes de batterie au lithium-ion qui ont cloué au sol les cinquante 787 en service. Parmi les 6000 travailleurs – non-syndiqués - de l’usine de North Charleston, ceux employés par des entreprises extérieures seraient les premiers visés, mais en interne Boeing pourrait également ne pas remplacer des postes libérés par des départs à la retraite ou des promotions. Le quotidien souligne que ce genre de réduction de la masse salariale n’a rien d’extraordinaire sur une ligne d’assemblage, au fur et à mesure des gains de productivité, mais l’annonce intervient alors que le constructeur américain a prévu de doubler le rythme de production du Dreamliner à North Charleston et Everett d’ici la fin de l’année. Le porte-parole de Boeing n’a pas voulu faire de commentaire au WSJ, se contentant de rappeler que de 8000 à 10 000 personnes seront embauchées cette année (division Défense comprise), ce qui laissera le niveau global de l’emploi « plat ou en légère baisse » d’ici la fin de l’année (173 781 salariés à la fin janvier). De l’autre côté du Pacifique, le PDG de Boeing Ray Conner a présenté hier ses excuses à All Nippon Airways et Japan Airlines, les deux compagnies aériennes les plus affectées par l’interdiction de vol du Dreamliner. Ce qui mettra un peu de baume au cœur des 350 pilotes japonais formés pour voler sur le 787, et qui se « tournent les pouces » depuis la mi-janvier, une longue requalification sur un autre appareil coûtant cher alors que nul ne sait quand les Dreamliner seront remis en service. Environ un tiers du salaire des pilotes d’ANA serait en effet basé sur les heures de vol effectuées, et JAL aurait déjà proposé des mesures compensatoires. Japan Airlines justement a repoussé au 31 mai au plus tôt le retour en service de ses sept Dreamliner, remplacés par d’autres appareils sur les routes reliant les aéroports de Tokyo à Pékin, Shanghai, Singapour, Dehli ou Boston entre autres. Et elle a supprimé deux rotations quotidiennes au départ d’Haneda vers Okinawa, et deux autres vers Sapporo. Les Dreamliner de Qatar Airways ont également disparu de son programme de vol jusqu'au 30 avril, supprimant au passage un des cinq vols quotidiens entre Doha et Londres – Heathrow (Francfort, Munich et Zurich conservent leurs fréquences). Ethiopian Airways en a fait de même jusqu’à la fin mars.