Les trois pilotes et 22 hôtesses de l’air et stewards d’un Airbus A380 vol de la compagnie aérienne British Airways ont été brièvement hospitalisés l’automne dernier, apparemment suite à un dégagement de fumées toxiques. Le Sunday Times a publié le 1er janvier 2017 un rapport interne citant le chef de cabine d’un superjumbo qui reliait le 26 octobre dernier l’aéroport de San Francisco à sa base à Londres-Heathrow, avec 388 passagers et 25 membres d’équipages. L’avion s’était posé à Vancouver après avoir déclaré une urgence médicale, les hôpitaux locaux annonçant avoir accueilli un passager et tous les navigants – tous rapidement « relâchés », seuls quatre ayant été traités pour inhalation de fumée. Les passagers avaient pu quitter Vancouver le lendemain. Les autorités canadiennes avaient diffusé un rapport selon lequel une « forte odeur » avait été notée au niveau de la porte 4 et du galley du pont supérieur de l’A380, 40 minutes après le décollage ; les pilotes avaient alors déroutés l’avion vers la ville canadienne, utilisant les masques à oxygène. Si l’incident n’avait eu que peu d’échos à l’époque, la description faite par le chef de cabine est parlante : il évoque des vomissements parmi les PNC, l’un d’eux « se recroquevillant au sol sous une couverture » tandis que d’autres paraissaient drogués et utilisaient des masques à oxygène. Il parle de maux de tête, vertiges, nausées, yeux rougis, goût métallique dans la bouche – et plus grave, de perte d’orientation, de confusion et d’incapacité à s’exprimer normalement qui « ont créé une grave inquiétude ». Et affirme que l’un des PNC s’est évanoui en arrivant à Heathrow le jour de son retour. Une passagère dit avoir cru à un détournement d’avion en raison de la panique affichée par certains navigants. Une autre source dans la compagnie aérienne évoque une session de debriefing de l’équipage durant laquelle certains étaient en pleurs, mais son affirmation que quelques PNC n’auraient toujours pas repris le travail n’a pas été confirmée par le Sunday Times. British Airways et Airbus avaient envoyé une équipe technique à Vancouver pour inspecter l’A380, sans pouvoir trouver la source du problème – y compris lors du vol retour à vide vers Londres, et malgré une série de tests. La compagnie a plus tard évoqué un « incident lié à des odeurs », déclarant au quotidien avoir envoyé à l’autorité britannique de l’Aviation civile (CAA)  décrivant tous les détails de l’affaire. « La sécurité des passagers et membres d’équipage est toujours notre priorité première », a déclaré son porte-parole. Le syndicat Unite a immédiatement accusé la compagnie de l’alliance Oneworld de minimiser l’incident, se demandant pourquoi aucune enquête officielle n’avait été menée sur le sujet. Une des pistes avancées et le système de bleed air, qui en cas de fissure sur un joint de réacteur pourrait entrainer en cabine dans certains cas des émissions de fumée d’huile brûlée, dont les conséquences sur la santé pourraient être sérieuses. Rappelons qu’en France, le syndicat d’hôtesses de l’air et stewards SNPNC affirmait en septembre dernier que 10% d’entre eux souffrent de « mal aigu des montagnes » lors de vols à bord des A380 de la compagnie aérienne Air France, dont les symptômes se rapprochent de ce qu’on vécu les navigants de British Airways – sans toutefois les odeurs ou les fumées toxiques.