Les deux principaux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards poursuivent en justice la compagnie aérienne Air France pour déloyauté dans les négociations. Après une grève de deux jours, une délégation de la filiale régionale HOP! a été reçue au ministère du transport. L’intersyndicale PNC formée par le SNPNC et l’UNSA a le 19 avril 2017 assigné en référé devant le TGI de Bobigny la direction de la compagnie nationale française, « une première chez Air France » selon le communiqué diffusé hier. Elle demande notamment qu’il soit fait injonction à Air France « de reprendre au plus vite les négociations de manière concomitante et globale, à la fois sur l’Accord collectif et sur Boost », et d’interdire toute démarche visant à la mise en œuvre du projet Boost « tant que des négociations n’auront pu être menées avec toutes les organisations syndicales représentatives pour les différentes catégories professionnelles de manière globale et loyale ». Cette action « vient sanctionner le comportement de la Direction » qui a selon les syndicats constamment recherché deux objectifs dans sa négociation de l’Accord collectif  PNC : imposer un accord collectif « dégradé négocié avec le seul syndicat UNAC » (le seul à avoir signé NDLR), et créer la future filiale Boost « avec comme unique but d’employer des PNC low-cost et d’accaparer progressivement  l’ensemble des réseaux moyen et long-courrier d’Air France ». Ce projet emploiera un personnel de cabine moins bien payé que chez la maison-mère, et est refusé depuis le début par les deux syndicats qui s’opposent en outre à tout nouvel effort de productivité dans le cadre de Trust Together. Le SNPNC et l’UNSA avaient quitté la table des négociations sur le nouvel accord collectif PNC, celui en vigueur arrivant à échéance à la fin du mois. Air France a vendredi dernier diffusé en interne une note indiquant ce qui attend les PNC au 1er mai, soit en général les mêmes dispositions que précédemment (par exemple sur les jours off, l’évolution de carrière ou le calcul des revenus) « à l’exception de quelques évolutions ». Cette note toujours pas officialisée ni détaillée est considérée comme un « passage en force » par les deux syndicats, qui soulignent au passage que la direction a trouvé « dans un laps de temps infiniment plus court » un accord avec les pilotes comportant notamment la garantie d’un contrat unique chez Air France et Boost (l’accord a en fait été rejeté par le SNPL). En réalité, estiment-ils, les négociations PNC ont été constamment « à la remorque » des négociations PNT, « le résultat de celles-ci conditionnant les nôtres. Peut-on affirmer que ce qui allait être obtenu par nos collègues PNT devait-être facturé aux PNC ? La question mérite d’être posée ». L’humeur n’est guère meilleur chez HOP!, la filiale régionale d’Air France. Après la grève de deux jours début avril, les syndicats ont été reçus mercredi par le directeur de cabinet du secrétaire d'Etat aux Transports. Alors que la négociation des accords collectifs a repris, avec une échéance à début juillet, la délégation comptant également les membres du comité d'entreprise a fait part du sentiment des salariés qui « s'estiment injustement traités », et surtout ne comprennent pas « où va la compagnie ». Les résultats de la fusion il y a un an de trois compagnies régionales sont dénoncés, la direction étant accusée de tenter d'imposer des « accords collectifs low-cost en détruisant les garanties sociales et salariales », au lieu « d’harmoniser les conventions des salariés de HOP!, Lyon Maintenance, Hop! Training, Airlinair, Brit’Air et de Regional ». Les salariés de la filiale autonome craignent de voir ses activités de plus en plus liés à celles d’Air France, voire d’être complètement intégrée ; l’avenir même de HOP! « et donc des emplois » est menacé, avancent les syndicats depuis l’annonce de la grève : « nous ne pouvons plus n'être que la variable d'ajustement d'Air France », résumait un communiqué début avril.