Boeing a annoncé hier une perte annuelle de 636 millions de dollars, sa première depuis 1997 et la pire de son histoire, sur un chiffre d’affaires en recul de 24%. La facture de la crise du 737 MAX atteint désormais 18,4 milliards de dollars, et la production du 787 Dreamliner va ralentir à dix exemplaires par mois.

La présentation le 29 janvier 2020 des résultats financiers de Boeing a démontré l’impact de la crise de son monocouloir remotorisé, dont deux accidents en cinq mois ont fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines – et entrainé l’immobilisation au sol de tous les 737 MAX depuis mars 2019, et l’arrêt de sa production le weekend dernier. Le constructeur affiche une perte nette de 636 millions de dollars, contre un bénéfice de 10,1 milliards en 2018 (Boeing n’avait pas fini dans le rouge depuis 1997), avec un chiffre d’affaires en chute de 24% à 76,6 milliards de dollars. Le cash-flow opérationnel est de -2,4 milliards de dollars, précise Boeing, les liquidités et les titres négociables totalisant 10,0 milliards de dollars.

La branche Avions commerciaux a beau afficher un carnet de commandes de 5400 appareils d’une valeur de 377 milliards de dolalrs, elle enregistre une perte opérationnelle de 6,6 milliards de dollars (contre un bénéfice frôlant 8 milliards en 2018). Le chiffre d’affaires a reculé de 44% à 57,5 milliards de dollars, seulement 380 avions ayant été livrés aux compagnies aériennes contre 806 en 2018.

Les coûts liés au 737 MAX sont moins élevées qu’attendu par les analystes, expliquant la montée du cours de l’action hier, mais la facture atteint quand même 18,4 milliards de dollars – pour l’instant : Boeing a annoncé de nouvelles charges à hauteur de 9,2 milliards, en plus de celles déjà officialisées, qui seront en partie utilisées pour indemniser les compagnies aériennes affectées par l’immobilisation de leurs appareils ou les retards de livraisons. 

« Nous mesurons pleinement l’ampleur de la tâche qu’il nous reste à accomplir », a déclaré dans un communiqué David Calhoun, Président-directeur général de Boeing. « Nous concentrons tous nos efforts sur le retour en service en toute sécurité du 737 MAX, ainsi que sur la restauration de la confiance que la marque Boeing incarne depuis longtemps auprès des usagers du transport aérien. Nous nous engageons à faire preuve de transparence et d’excellence dans tout ce que nous entreprenons. Le principe de sécurité soutiendra chaque décision, chaque action et chaque mesure que nous prendrons à l’avenir ». Et il maintient son esopir d’un retour dans les airs du 737 MAX à la mi-2020.

Le patron de Boeing a ajouté : « heureusement, la solidité du vaste portefeuille d’activités de Boeing nous procure les liquidités financières indispensables pour mettre en œuvre un processus de redressement minutieux et rigoureux ». Les bénéfices de l’activité Défense, Espace et Sécurité ont en effet augmenté de près d’un milliard à 2,668 milliards de dollars, sur un chiffre d’affaires stable à 26,4 milliards. Global Services affiche une hausse de 8% des revenus à 18,46 milliards de dollars. Le carnet de commandes total de Boeing est de 463 milliards de dollars, et au seul quatrième trimestre 2019 il a versé 1,2 milliard de dividendes.

Mais ces résultats financiers vont avoir un impact sur un autre programme, celui du 787 Dreamliner : le rythme de production à Everett et North Charleston va encore ralentir. Après le passage annoncé en octobre de 14 à 12 appareils par mois à la fin 2020, il sera limité à 10 appareils par mois dès le début de l’année suivante. Avec l’espoir de remonter à 12 en 2023, si les commandes reprennent en particulier de la part de la Chine…

Crise du Boeing 737 MAX: 18,4 milliards de dollars et perte historique 1 Air Journal

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