C’est désormais officiel : la compagnie aérienne Air France ne revolera plus en Airbus A380, ses neuf appareils étant déjà cloués au sol pour cause de pandémie de Covid-19. Lufthansa annonce de son côté que seulement la moitié de ses 14 superjumbos redécolleront, et uniquement au départ de Munich, alors qu’Emirates Airlines chercherait à annuler cinq de ses huit dernières livraisons.

L’accélération de la sortie de flotte des A380 tricolores, initialement programmée pour la fin 2022, a été officialisée le 20 mai 2020 par le groupe Air France-KLM. Son communiqué explique que l’arrêt définitif de l’exploitation du superjumbo a été décidé « face à la crise de la Covid-19 et compte tenu de son impact sur les niveaux d’activité prévus ». Le départ des superjumbos « s’inscrit dans la stratégie de simplification de la flotte du groupe Air France-KLM visant à rendre la flotte plus compétitive, en poursuivant sa transformation avec des avions plus performants et plus modernes et dont l’empreinte environnementale est considérablement réduite ». En l’occurrence les Airbus A350 et Boeing 787 « dont les livraisons sont en cours », 33 A350-900 supplémentaires, un 787-9 supplémentaires (et dix 787-10 pour KLM) étant attendus.

Cinq des neuf superjumbos encore détenus par Air France (le 10eme, F-HPJB, est sorti de la flotte début janvier) sont possédés en propre ou en crédit-bail, les quatre autres étant loués chez le Dr Peters Group (F-HPJD, F-HPJE, F-HPJG et F-HPJJ, dont les baux arrivaient initialement à échéance d’ici 2024). Rappelons que la compagnie aérienne avait renoncé à deux des douze exemplaires initialement commandés, et que le premier était entré en service en octobre 2009. L’impact global de la dépréciation de l’Airbus A380 « est estimé à 500 millions d’euros et sera comptabilisé au deuxième trimestre 2020 en charges/dépenses non courantes ». Le CEO du groupe franco-néerlandais Benjamin Smith expliquait l’été dernier que la capacité des A380 ne sera pas remplacée : « pas plus de neuf biréacteurs long-courrier » seront commandés, disait-il avant d’annoncer en décembre l’acquisition de dix A350-900 supplémentaires.

Avant la crise, les A380 livrés à Air France depuis 2009 étaient déployés au départ de sa base à Paris-CDG vers les aéroports d’Atlanta, Los Angeles, New York-JFK, San Francisco et Washington aux USA et vers Abidjan en Côte d’Ivoire, Johannesburg en Afrique du Sud, Mexico au Mexique et Shanghai en Chine. Ils étaient configurés pour accueillir 516 passagers (9 places en Première, 80 en classe Affaires, 38 en Premium et 389 en Economie).

Airbus A380 : fini chez Air France, moins pour Lufthansa et Emirates 1 Air Journal

©Air France

Le sort des A380 est moins triste chez Lufthansa, du moins pour l’instant : sur les quatorze mis en service (configurés en 8+78+52+371, 509 sièges), dont la moitié parqués chez Tarmac Aerosave à Teruel, seul sept reprendront du service une fois la crise sanitaire passée. Et ce sera uniquement au départ de sa base de Munich, le maintien de leur opération depuis deux hubs étant « irresponsable d’un point de vue logistique ou économique », selon un porte-parole cité par le site aero.de. L’option de « réactiver » les A380 en Bavière reste donc disponible, a-t-il ajouté.

Le patron de la compagnie allemande Carsten Spohr a déjà prévu d’opérer en 2021 une « flotte comptant 300 avions de moins » (sur 769 fin 2019), une centaine d’entre eux devant être redéployés l’année suivante ; le retour à la « normale » est espéré pour l’été 2023, mais avec « 100 avions de moins ce qui aura un impact particulier sur l’avenir de l’A380 » selon le porte-parole.

Airbus A380 : fini chez Air France, moins pour Lufthansa et Emirates 2 Air Journal

©Lufthansa

Enfin chez Emirates Airlines, premier opérateur mondial de l’A380 avec 115 exemplaires en service et dont elle disait encore en novembre dernier être « la seule à savoir l’utiliser », l’impact de la pandémie nourrit de plus en plus de rumeurs : après celle concernant un départ anticipé de 46 superjumbos, à commencer par ceux pris en leasing, l’agence Bloomberg croit savoir que la compagnie basée à Dubaï négocierait avec Airbus pour annuler la livraison de cinq des huit derniers exemplaires attendus. Elle prendrait les trois autres d’ici la fin de l’exercice fiscal en cours, en mars 2021. Une idée apparemment rejetée par le constructeur (qui ne commente jamais officiellement les négociations avec ses clients), au motif que tous les appareils sont déjà en cours d’assemblage ; il proposerait à la place un report des livraisons et des paiements.

Rappelons qu’Airbus a déjà annoncé pour l’année prochaine la fin de la production des A380 ; le 3eme et dernier A380 d’All Nippon Airways (ANA), seul autre superjumbo non entré en service, est lui prêt à être livré a priori l’automne prochain.

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