La compagnie aérienne Air France étudierait la possibilité de supprimer environ 20% de ses effectifs pour accompagner la réduction similaire de capacité du groupe prévue d’ici deux ans, suite à la pandémie de Covid-19. Une restructuration qui se fera « sans souffrance sociale » via des départs volontaires, promet le gouvernement, tandis que les syndicats redoutent déjà des licenciements secs.

D’abord révélé le 17 juin 2020 par l’agence Bloomberg puis confirmé par d’autres sources, l’impact sur l’emploi du plan Vesta de restructuration ne sera officialisé que lors de sa présentation fin juin ou début juillet ;  mais il pourrait toucher jusqu’à 8500 employés d’Air France et environ 1200 chez sa filiale régionale HOP – toutes catégories confondues. Le scénario du pire entrainerait en particulier selon La Tribune chez la seule compagnie nationale française le départ d’environ 6000 employés au sol, 2000 hôtesses de l’air et stewards et 421 pilotes ; aucune répartition des suppressions de postes n’est précisée chez HOP. En février dernier, avant la crise sanitaire donc, Air France annonçait vouloir supprimer sans licenciements quelque 1510 postes au sol d’ici 2022 – un nombre qui devrait donc être quadruplé.

Fin mai, le CEO d’Air France-KLM Benjamin Smith annonçait que la réduction du réseau intérieur français sera de l’ordre de 40% (avec plan de départs volontaires à l’appui), la réduction structurelle de la capacité du groupe devant atteindre au moins 20% à la fin 2021 par rapport au niveau d’avant la crise. Interrogé mercredi sur LCI, le Secrétaire d’Etat aux transports Jean-Baptiste Djebarri a assuré que le plan de transformation d’Air France « se fera sans souffrances sociales » et « de façon concertée et transparente ». C’est un « engagement » de l’Etat actionnaire, a-t-il ajouté, évoquant « possibilités de mobilités ou des plans de départs volontaires,  quand c’est possible ».

Air France avait obtenu fin avril une aide de 7 milliards d’euros de la part de l’Etat français, via un prêt de 4 milliards octroyé par six banques garanti par l’État français à hauteur de 90% (PGE) et un prêt direct de 3 milliards de l’État français (qui ont « permis de sauver des dizaines de milliers d’emplois » selon Jean-Baptiste Djebarri). Ben Smith expliquait alors que le gouvernement « n’a pas fait de demande spécifique mais a clairement souligné que cet effort financier est fait avant tout pour soutenir les salariés d’Air France ». Et il précisait les deux axes d’accélération des réformes engagées : la rationalisation du réseau domestique « qui a encore généré 200 millions d’euros de pertes l’an dernier », et la restructuration des fonctions support non opérationnelles. Quelques jours plus tard, le groupe Air France-KLM annonçait une perte nette de 1,8 milliard d’euros au premier trimestre.

La compagnie française de l’alliance SkyTeam rejoindrait ainsi les vagues de suppressions de postes déjà annoncées chez British Airways (12.000) ou chez le groupe Lufthansa (22.000) entre autres, même si chez ses deux rivales les licenciements sont plus clairement mentionnés. Certains syndicats français redoutent cependant que les suppressions de postes ne soient pas suffisantes et finissent par des licenciements secs. Une intersyndicale réclame d’ailleurs sa participation aux négociations sur l’avenir du réseau domestique et de HOP, jusque là menée uniquement avec les représentants des pilotes.

Air France: jusqu’à 10.000 postes supprimés d’ici 2022 ? 1 Air Journal

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