Le gouvernement indonésien envisage de fusionner la compagnie aérienne Garuda Indonesia avec sa filiale low cost Citilink et sept sociétés publiques impliquées dans le tourisme, face à l’impact de la pandémie de Covid-19. Mais elle est nommée dans une enquête pour corruption lancée contre l’avionneur Bombardier.

L’idée d’une fusion de la compagnie nationale avec d’autres entreprises publiques impliquées dans le tourisme au sein d’une holding a selon Nikkei les faveurs du président Joko Widodo, afin de créer des synergies et réduire les coûts en cette période de crise sanitaire qui a par exemple bloqué l’accès à Bali depuis le printemps. Outre la compagnie basée à l’aéroport de Jakarta-Soekarno Hatta et sa filiale, les sociétés visées incluent des groupes hôteliers, un grand magasin ou le gestionnaire du temple de Borobudur.

« Les vents contraires dans l’industrie du voyage offrent une bonne opportunité de commencer à intégrer et à transformer les secteurs du tourisme et de l’aviation », a déclaré le président. Un sentiment partagé par le PDG de Garuda Irfan Setiaputra, qui y voit une « solution efficace » pour bénéficier de nouveaux financements et proposer des prix « plus compétitifs ». La nouvelle holding, dont le gouvernement possèderait 60% du capital, pourrait bénéficier d’une assistance financière de près de 580 millions de dollars

Ayant pourtant reçu cette année une aide de 583 millions de dollars de la part du gouvernement, Garuda Indonesia a enregistré une perte nette de 728 millions de dollars au premier semestre. Elle a déjà licencié 800 de ses près de 8000 employés, et se prépare à en ajouter 700 autres ; plus de 500 salariés ont accepté un départ en retraite anticipé, et des baisses de salaires touchent presque tout le monde. Faute de clients, « notre coefficient d’occupation est actuellement d’environ 40%, ce qui ne peut même pas couvrir le coût des opérations », a expliqué Ade R. Susradi, directeur des services et du développement commercial.

La compagnie de l’alliance SkyTeam, qui était bénéficiaire à la même époque en 2019 à hauteur 78,7 millions de dollars, va en tout cas cesser de recevoir de nouveaux avions. Garuda Indonesia attend encore onze Airbus A330-900 (trois ont été livrés depuis novembre dernier). Avec un nombre de passagers en baisse de 65,6% sur les neuf premiers mois du groupe (-71,7% pour la seule compagnie nationale), le PDG juge que cela n’aurait « aucun sens ».

Mais cette restructuration pourrait faire face à un autre obstacle : la corruption, qui a déjà coûté son poste au CEO Ari Askhara en décembre dernier pour une histoire de trafic de motos. Le Serious Fraud Office (SFO) du Royaume-Uni a ouvert une enquête contre Bombardier concernant « la vente et la location en 2011 et 2012 » de CRJ1000 à Garuda Indonesia, « à propos de gestes de corruption et de pots-de-vin suspectés » selon son communiqué jeudi. Le constructeur canadien a expliqué qu’aucune accusation « n’a été portée contre la société ni contre aucun de ses officiers, dirigeants ou employés », et a lancé « un processus interne de révision concernant les transactions Garuda qui est conduit par des avocats externes ». La compagnie aérienne en opère encore 18 (seulement 10 en service), mais leur sortie de flotte est déjà programmée pour les prochains mois.

En mai dernier, les autorités anti-corruption indonésiennes avait condamné à huit ans de prison l’ancien CEO de Garuda Indonesia Emirsyah Satar (qui avait démissionné en 2014), pour corruption et blanchiment d’argent en lien avec cinq processus d’approvisionnement impliquant entre autres Airbus et Rolls-Royce (eux ont passé des accords à l’amiable avec le SFO).

 

Garuda Indonesia : fusion et enquête pour corruption en vue 1 Air Journal

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