26 employés de la compagnie aérienne Thai Airways se seraient fait passer pour morts afin d’encaisser une prime de décès, tandis que la direction envisage d’acheter de nouveaux avions dès 2025 – alors qu’elle vient d’en mettre 30 en vente.

Alors que la compagnie nationale thaïlandaise doit présenter la semaine prochaine son plan de restructuration, une nouvelle affaire de corruption – cette fois de la part de salariés – vient entacher un peu plus son image. Une coopérative (la Savings Cooperative for Employees of Thai Airways) a en effet déposé plainte la semaine dernière contre quelque 26 de ses membres, accusés d’avoir utilisé de faux certificats de décès pour que leur famille puisse toucher une subvention versée justement en cas de mort. Les tricheurs auraient en outre eu l’audace de continuer à venir travailler et toucher leur salaire, rapporte en substance la coopérative, selon qui « le nombre de membres demandant une allocation funéraire a augmenté de façon suspecte depuis plusieurs années ». Le représentant Weerayut Thuankong affirme « avoir vérifié les preuves soumises (par ces employés), constaté que les certificats de décès semblaient être des faux, car les personnes déclarées décédées travaillent toujours pour l’entreprise ». Il ajoute que cette fraude a coûté à Thai Airways près d’un demi-million de dollars depuis 2013…

Pas de commentaire de la part de Thai Airways, mais elle a par ailleurs confirmé avoir réduit de 30% ses postes exécutifs, 240 de ses 740 cadres étant partis dans le cadre du nouveau plan d’affaires, et la structure de gouvernance étant simplifiée avec cinq niveaux au lieu de huit. « La société doit améliorer sa structure organisationnelle et ses stratégies commerciales dans divers domaines pour créer une plus grande flexibilité dans les opérations, ce qui conduira à une compétitivité accrue », a déclaré dans un communiqué le président par intérim Chansin Treenuchagron.

Le Premier ministre de Thaïlande Prayuth Chan-Ocha a déclaré lundi avoir confiance dans une issue favorable au nouveau plan de restructuration de la compagnie de Star Alliance, qui sera présenté le 2 mars au tribunal des faillites. Un signal à l’opposé de celui il y a dix jours du vice-Premier ministre en charge des affaires économiques, qui évoquait des manques surtout au niveau de la dette (environ 9,4 milliards d’euros au 30 septembre 2020, avec une perte nette quadruplée au T3), tout en reconnaissant que la poursuite de la privatisation de la compagnie aérienne « est possible comme voie à suivre ». Rappelons que la compagnie aérienne a formellement perdu son titre d’entreprise détenue majoritairement par l’État en mai 2020.

Thai Airways : fausses morts et vrais achats d’avions 1 Air Journal

©Youtube/NAKARA whocamefromthesky

Selon The Nation, ce nouveau plan inclurait l’acquisition en 2025 de 20 à 30 nouveaux avions afin de renforcer sa flotte quand la reprise surviendra, suite à une pandémie de Covid-19 qui l’a laissée quasiment sans activité depuis mars dernier. Ces nouveaux aéronefs non détaillés remplaceraient en partie ceux sortis de flotte, Thai Airways ayant déjà proposé à la vente plus de 30 avions, dont deux des six Airbus A380 (HS-TUE et HS-TUF), dix Boeing 747-400, six 777-300 et six 777-200ER (plus entre autres neuf A340). Selon la presse locale, la dernière version du plan de restructuration prévoirait le départ de tous les superjumbos ainsi que celui des quinze A330-300, mais cela n’est pas encore confirmé en ligne.

 

Thai Airways n’opèrerait alors qu’une flotte long-courrier de trois modèles : l’A350-900 (douze livrés, 321 sièges), le 787 Dreamliner (six 787-8 et deux 787-9 livrés, 264 et 298 sièges) et le 777-300ER (14 en service plus trois en attente de livraison par BOC Aviation, 348 sièges) – sans compter les monocouloirs de sa filiale Thai Smile. Le départ des A380, qui n’ont pas volé depuis avril dernier, entrainerait en outre la disparition de la Première classe dans l’offre de Thai Airways. Seuls neuf de ses 61 aéronefs sont actuellement en service, quatre A350 et cinq 777 opérant des vols de rapatriement alors que la Thaïlande reste fermée au tourisme.

Thai Airways : fausses morts et vrais achats d’avions 2 Air Journal

©Airbus