La compagnie aérienne Alitalia n’avait payé que la moitié des salaires le mois dernier avant de se rattraper, alors que les négociations continuent entre Rome et Bruxelles sur le lancement de sa remplaçante ITA (Italia Transporto Aereo).

Alors que le gouvernement italien vise toujours un décollage d’ITA en juin ou juillet prochain, la future ex-compagnie nationale semble être à court d’argent mais aussi de temps. Selon le Corriere della Serra, le versement des 50% des salaires des 10.500 employés qui n’avaient pas été payés en mars le seront ce 8 avril 2021, les administrateurs expliquant avoir les fonds suite au feu vert de l’Europe pour une nouvelle aide publique. Les salariés d’Alitalia en avaient appelé au gouvernement Draghi, plusieurs manifestations se déroulant depuis la semaine dernière devant l’aéroport de Rome-Fiumicino pour se plaindre et plus largement dénoncer le plan de restructuration prévu. La compagnie aérienne dotée d’une flotte de plus de 95 avions desservait avant la pandémie de Covid-19 « des centaines de destinations dans le monde entier », transportant quelque 20 millions de passagers par an ; la « nouvelle Alitalia » redécollera avec moitié moins de personnel et d’avions, et avec un réseau intercontinental réduit à cinq destinations.

Il resterait environ trois semaines aux négociateurs pour respecter la date de lancement d’ITA durant la normalement lucrative saison estivale. Alors que la Commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a fait part de sa « préoccupation sur le manque de progrès substantiels », « les négociations avec l’Europe ne sont pas au point mort » a assuré selon le quotidien le ministre des transports Enrico Giovannini devant les députés. Le gouvernement « prend toutes les mesures nécessaires pour que le nouveau transporteur aérien national soit en mesure de répondre à la demande de transport aérien, mais aussi de concurrencer les autres opérateurs du secteur », et cela en préservant les niveaux d’emploi « autant que possible », 

La Commission européenne a déjà expliqué à l’Italie que la nouvelle compagnie aérienne devra changer de nom, mais aussi racheter « au prix du marché » les branches maintenance et handling, toutes deux bénéficiaires (seule la « renaissance » de la branche aviation est jusque là permise). Le principe serait le même selon la presse italienne par exemple pour un éventuel rachat de la marque ou des créneaux de vol à Milan-Linate, qui devront faire l’objet d’appels d’offres transparents.

Rappelons que si l’Europe vient de donner son feu vert à une troisième aide publique (pour un total de 300 millions d’euros depuis le début de la crise sanitaire), elle a aussi lancé deux enquêtes distinctes sur les prêts qu’Alitalia a reçus du gouvernement italien au cours des dernières années : une ouverte en avril 2018 sur 900 millions d’euros de prêts accordés au transporteur l’année précédente, et une autre enquête distincte sur un prêt supplémentaire de 400 millions d’euros accordé en octobre 2019. Et elle menace de bloquer les trois milliards d’euros d’aides que le gouvernement souhaite apporter à ITA…

Alitalia déjà à court d’argent ? 1 Air Journal

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