La compagnie aérienne Belavia a suspendu toutes ses routes vers l’Europe occidentale, conséquence de l’interdiction de l’espace aérien aux transporteurs de Biélorussie suite au détournement vers Minsk d’un avion de Ryanair pour arrêter un journaliste d’opposition.

L’appel du Conseil européen à fermer son espace aérien et interdire les vols vers et depuis la capitale biélorusse a eu l’effet attendu sur les opérations de la compagnie nationale : Belavia a annulé a priori jusqu’au 31 octobre 2021 ses vols vers Paris-CDG (où elle partage ses codes avec Air France) et Londres-Gatwick (elle est temporairement bannie par le gouvernement britannique, qui lui aurait en outre retiré son permis d’opérer). Mais aussi ceux vers quatre villes d’Ukraine (jusqu’au 25 aout), Riga, et bien sûr Vilnius en Lituanie, destination du vol FR4978 de Ryanair parti dimanche d’Athènes et « dérouté » sous prétexte d’alerte à la bombe, afin d’arrêter Roman Protasevich et l’étudiante Sofia Sapega qui voyageait avec lui. Un vol vers Stockholm a par exemple été annulé mardi, mais Belavia a encore pu assurer des rotations vers Berlin, Chypre et Varsovie.

Sur les 35 départs de Minsk programmés par Belavia ce 26 mai, seuls dix étaient déjà annulés selon Flightradar24 ; Vienne, Amsterdam, Rome, Prague, Francfort, Barcelone, Helsinki étaient encore affichés en vert au moment de la rédaction. En revanche seulement deux compagnies étrangères étaient encore présentes à Minsk, Turkish Airlines et la low cost Flydubai.

Selon un passager du vol de Ryanair, Roman Protasevich aurait lors de la descente vers Minsk imploré un PNC de ne pas atterrir : « Ne faites pas ça, ils vont me tuer, je suis un réfugié », ce à quoi il lui aurait été répondu : « Nous devons, nous n’avons pas le choix ». Sofia Sapega, à qui il aurait confié téléphone et ordinateur portable avant l’atterrissage, a elle-aussi été arrêtée.

Le président français Emmanuel Macron a expliqué hier à Bruxelles qu’à « très court terme, il n’y avait pas de réponse plus efficace face à ce qui s’est passé d’inacceptable en Biélorussie ». Les mesures de restriction des vols, en particulier de survol de l’espace européen, « sont extrêmement mordantes sur le système biélorusse. Est-ce que cela sera suffisant, je ne sais absolument pas le dire aujourd’hui. Je pense que ça aura plus d’impact que ce qu’on a eu jusqu’à aujourd’hui, parce que c’est plus dur et le caractère inacceptable de ce qui s’est passé dimanche matin le justifie », a-t-il ajouté.

Rappelons que le survol de la Biélorussie est désormais évité par les compagnies aériennes de l’UE telles qu’Air France, KLM, British Airways, Lufthansa, Finnair, SAS Scandinavian Airlines, Wizz Air (la liste pourrait grandir si l’EASA le décide), ainsi que par ANA (All Nippon Airways) ou Singapore Airlines entre autres. Pas de modification en revanche pour les Aeroflot, Pobeda ou autres S7 Airlines depuis et vers la Russie

Entre le 17 et le 23 mai, 3297 vols sont entrés dans l’espace aérien biélorusse selon Flightradar24, dont 2630 en transit. Au total, 148 compagnies aériennes commerciales différentes ont survolé la Biélorussie au cours de la semaine ; 55 compagnies aériennes (dont 42% basées en Russie) ont survolé la Biélorussie au moins 10 fois durant cette période.

Détournement de Ryanair : Belavia réduit son programme européen 1 Air Journal

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