La compagnie aérienne Air France a été contrainte d’annuler un vol entre Paris et Moscou, la Russie ayant refusé le plan de vol évitant le survol de la Biélorussie – une conséquence du détournement vers Minsk d’un vol Ryanair pour y arrêter un journaliste d’opposition. Même effet pour Belavia qui n’a pu rejoindre Barcelone hier, et voit son réseau européen se réduire toujours plus.

L’appel du Conseil européen à fermer son espace aérien et interdire les vols vers et depuis la Biélorussie, suite à l’incident du vol FR4978 de Ryanair parti dimanche d’Athènes et « dérouté » sous prétexte d’alerte à la bombe (afin d’arrêter Roman Protasevich et l’étudiante Sofia Sapega qui voyageait avec lui), a des impacts de plus en plus nombreux pour les passagers. Le 26 mai 2021, un Boeing 787-9 Dreamliner d’Air France devant relier Paris-CDG à l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo n’a pas pu décoller comme prévu à 10h20 : selon un porte-parole, l’annulation est liée à « des raisons opérationnelles liées au contournement de l’espace aérien biélorusse, nécessitant une nouvelle autorisation des autorités russes pour entrer sur leur territoire ». Air France a dit « regretter les désagréments occasionnés par cette situation ».

Le vol AF1154 de vendredi devrait être le prochain opéré, a priori en Airbus A319 selon Flightradar24 – si le feu vert des autorités russes est obtenu (le vol AF1464 vers St Petersburg n’est pas affecté, pas plus que les long-courriers vers l’est). Air France avait confirmé mardi qu’elle ne survolera plus la Biélorussie « jusqu’à nouvel ordre », comme l’avait demandé le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

La compagnie de l’alliance SkyTeam suivait l’exemple des KLM, British Airways, Lufthansa, Finnair, SAS Scandinavian Airlines, Wizz Air (la liste pourrait grandir si l’EASA le décide), ainsi que d’ANA (All Nippon Airways) ou Singapore Airlines entre autres, toute ayant annoncé qu’elles évitent désormais l’espace aérien de Biélorussie.

Les sanctions européennes affectent encore plus Belavia, la compagnie nationale basée à l’aéroport de Minsk qui est elle aussi victime de la situation : après avoir abandonné une partie de son réseau européen suite à l’incident de Ryanair, suspendant entre autres jusqu’au 31 octobre 2021 ses vols vers Paris-CDG (où elle partage ses codes avec Air France), elle a entendu la Pologne fermer son espace aérien à tous les avions immatriculés dans le pays à compter de 22h00 hier soir, et la Lituanie en faire de même depuis minuit la nuit dernière. Et elle a suspendu toutes ses liaisons vers la Finlande, la République Tchèque, la Suède et la Lettonie.

Et plus tard encore qu’Air France, Belavia a appris du contrôle aérien polonais que son vol B2869 vers Barcelone ne pourrait pas traverser l’espace aérien hexagonal : l’Embraer 195LR parti à 13h30 (celui en livrée « World of Tanks »…) a fait des ronds dans le ciel de Biélorussie avant de revenir 2 heures et demie plus tard à sa base. Selon un journaliste allemand, le contrôle aérien français aurait pris la décision 3 minutes seulement avant le décollage.

Si la condamnation du « piratage d’Etat » de l’avion de Ryanair par la Biélorussie est générale dans le transport aérien, l’OACI (qui a convoqué une réunion d’urgence sur le sujet) a tenu à rappeler « à ceux qui ont exigé que nous prenions des mesures punitives contre ce pays que notre agence ne s’est jamais vu confier ce type de rôle ou de capacité, et que notre fonction principale est d’aider les pays à coopérer diplomatiquement sur les priorités de l’aviation internationale… ».

Détournement de Ryanair : annulations de vols pour Air France et Belavia 1 Air Journal

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