La compagnie aérienne low cost Ryanair a enregistré le mois dernier 11,2 millions de passagers, plus qu’en mars 2019 avant la pandémie de Covid-19. Et comme en France, elle fait face en Belgique à un préavis de grève, mais cette fois de la part des hôtesses de l’air et stewards  revendiquant de meilleurs salaires et conditions de travail.

En mars 2022, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a accueilli 11,2 millions de clients, contre 500.000 durant le même mois l’année dernière. Ryanair a assuré plus de 67.800 vols en mars, avec un coefficient d’occupation de 87% (contre 77% en mars 2021).

Durant les trois premiers mois de l’année, la low cost a accumulé 27,5 millions de passagers, avec une occupation moyenne à 71%. Elle rappelle dans son communiqué qu’en janvier et février, le trafic a été gravement affecté par les restrictions de voyage liées au variant Omicron ; et en mars, le trafic a été affecté par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, « qui a entraîné l’annulation de 2000 vols de/vers l’Ukraine en raison de la fermeture de l’espace aérien ».

Sur les douze derniers mois en trafic roulant, Ryanair décompte 97,1 millions de passagers, avec une occupation moyenne à 82%.

Après l’annonce en France la semaine dernière d’un préavis de grève pour le 16 avril du SNPL concernant les pilotes Ryanair des bases françaises de Marseille, Toulouse, Bordeaux et Beauvais, un nouveau front social est apparu hier, cette fois en Belgique : le syndicat de PNC ont déposé un préavis de grève illimité, pour dénoncer leurs salaires et conditions de travail. S’il ne devrait pas y avoir de grève durant les congés de Pâques, rien n’est exclu pour cet été. Selon le CNE/ACV Puls, « trois ans après avoir finalement accepté de respecter la législation belge, Ryanair continue de bafouer les droits de ses travailleurs. Chaque mois, des irrégularités sont commises concernant les rémunérations, et des informations erronées continuent de mettre les travailleurs en grande difficulté, notamment en ce qui concerne leur assurance maladie et leur chômage économique lié à la crise de la Covid-19. La coupe est pleine », explique son communiqué.

 

Pour le secrétaire général du syndicat chrétien Didier Lebbe, « tous les jours, tout le temps, le personnel nous rapporte des manquements de la part de Ryanair qui ne respecte pas les règles. Ça épuise le personnel ». Il souligne aussi l’absence d’un directeur des ressources humaines « qui connait les lois belges », finalement nommé en 2018 mais au poste désormais vacant.

Et il prévient : si aucune proposition n’est transmise par la direction, des actions suivront. « Nous nous coordonnerons, au cours du mois d’avril, avec les Français qui ont également introduit un préavis de grève la semaine dernière. Mais force est de constater que le mouvement va s’étendre. Le secteur aéronautique européen connaîtra des turbulences », assure Didier Lebbe.

Un steward portugais entré il y a 13 ans chez Ryanair, interrogé par la RTBF, explique qu’il gagne à peine 1650 euros nets par mois. Mais « comme la compagnie ne paie pas le brut complet chaque mois, on n’arrive jamais à 1600 euros nets. Le salaire moyen est entre 1200 et 1400 euros pour un temps plein. Seules ses heures de vol sont comptabilisées comme heures de travail. Le check-in, l’embarquement, le débarquement et les retards de vols de plus en plus fréquents ne sont pas rémunérés ». L’homme de 47 ans ajoute que si Ryanair fournit le premier uniforme, le reste est à la charge du steward, avec une indemnité de 43 euros « loin d’être suffisante. Un blouson coûte entre 65 et 75 euros. Si je veux nettoyer l’uniforme, je dois le mettre au nettoyage à sec, ce qui coûte 25 à 30 euros chaque fois ». Et le steward souligne que suite à la pandémie, la compagnie aérienne a demandé à ses travailleurs de faire un effort supplémentaire. « Le salaire est déjà au minimum national. Comment réduire quelque chose qui est déjà au minimum garanti par la loi ? ».

Ryanair : trafic en forte hausse et nouveau préavis de grève 1 Air Journal

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