Une étude préliminaire des boites noires du Boeing 737 de China Eastern Airlines qui s’est écrasé en mars dernier en Chine, tuant les 132 personnes à bord, montrerait qu’une action dans le cockpit a déclenché la descente de l’avion.

Aucun des 123 passagers et 9 membres d’équipage n’a survécu au crash du vol MU5735 le 21 mars 2022 d’un Boeing 737-800 de la compagnie chinoise (LN 41474 immatriculé B-1791), qui avait décollé de Kunming-Changshui à destination de l’aéroport de Guangzhou-Baiyun avant de s’écraser dans les montagnes du Guangxi. Le rapport préliminaire envoyé un mois plus tard à l’OACI par la CAAC n’avait rien montré en termes de problèmes techniques ou de communications entre les pilotes et le sol. Selon les informations du Wall Street Journal le 17 mai citant « des personnes familières avec l’évaluation préliminaire des responsables américains sur ce qui a conduit à l’accident », les données de l’enregistreur des données de vol (FDR) indiqueraient que « quelqu’un dans le cockpit a intentionnellement » provoqué l’accident. « L’avion a fait ce qu’il lui a été dit de faire par quelqu’un dans le cockpit », a affirmé une des sources du quotidien. Le 737-800 se trouvait à son altitude de croisière quand il a entamé une descente quasi verticale, avant de s’écraser non loin de la ville de Wuzhou.

Les enquêteurs américains, impliqués en raison de la nationalité de l’avion accidenté, se penchent bien sûr sur les actions d’un ou des pilotes – ou d’une autre personne qui serait entrée dans le cockpit. Avec en toile de fonds le suicide à l’origine du crash de Germanwings : le rapport final du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) avait confirmé le scénario du crash volontaire par Andreas Lubitz. Le 24 mars 2015, le copilote allemand du vol GWI18G de la filiale low cost de Lufthansa entre Barcelone et Düsseldorf  avait profité de l’absence momentanée du commandant de bord pour s’enfermer dans le cockpit et engager la descente de l’Airbus A320 avec 150 personnes à bord, jusqu’à son écrasement dans les Alpes de Haute-Provence. Là encore, personne n’avait survécu.

Aucun officiel n’a bien sûr commenté les informations du WSJ, l’enquête devant se poursuivre pendant plusieurs mois au minimum. China Eastern Airlines a appelé à « résister à toute spéculation non officielle car elle pourrait interférer avec l’enquête et avoir un impact sur son déroulement ». Rappelons que le rapport préliminaire sur le crash du vol MU5735 avait déjà écarté d’autres pistes : pas d’erreur de procédure évidente, le temps était beau, l’avion ne transportait pas de matières dangereuses, la maintenance était à jour et l’équipage était correctement formé. Et selon la compagnie aérienne, les pilotes étaient « en bonnes santé, conditions familiales et financières ».

Après avoir cloué au sol tous ses 737-800 suite à cet accident, la compagnie chinoise (actionnaire d’Air France-KLM et membre de l’alliance SkyTeam) avait commencé à les redéployer le 17 avril.  Le crash du vol MU5735 est le pire de l’histoire de China Eastern Airlines, dont le dernier accident mortel remonte à 2004 (un Bombardier CRJ200 non dégivré s’écrase après le décollage à Baotou, 53 morts plus deux au sol), et le troisième pire dans l’histoire de l’aviation civile chinoise (où le dernier accident ayant fait des victimes remonte à 2010, 44 morts sur les 96 personnes à bord d’un Embraer 190 de Henan Airlines). C’était aussi le premier crash d’un jet passager dans le monde depuis janvier 2021.

Crash de China Eastern : un acte délibéré ? 1 Air Journal

Le Boeing 737-800 impliqué dans l’accident (B-1791), ici photographié en août 2015 @Wikipedia/Kelvin Yu