La directrice générale de la compagnie aérienne Air France a écrit à ses clients pour expliquer la situation actuelle dans les aéroports du pays et d’ailleurs, tandis que le retour annoncé de Florence Parly dans le groupe Air France-KLM fâche un syndicat de pilotes. Le dixième Airbus A220-300 est arrivé, et entrera en service vers Venise aujourd’hui.

Si la compagnie nationale française a jusque là évité les annulations de vols préventives de la plupart de ses rivales, le manque de personnel dans les aéroports et les grèves récentes y compris dans le contrôle aérien mettent à mal ses opérations. Alors que de nouveaux préavis ont été déposés par les syndicats à Roissy à partir du weekend prochain, la CEO Anne Rigail a donc pris la plume pour expliquer aux clients d’Air France comment on en est arrivé là, et présenter ses excuses pour les dysfonctionnements.

« Après 2 ans de fermetures des frontières qui ont cloué au sol nombre de nos avions, nous sommes heureux de vous revoir nombreux à bord de nos avions et vous permettre de voyager à nouveau. Depuis des mois, nous préparons cet été afin de vous accueillir dans les meilleures conditions. Pour cela, nous avons maintenu nos investissements dans notre flotte, dans le confort de nos cabines et dans nos salons, et aussi repris les recrutements dès 2021, malgré les très grandes incertitudes liées à la crise sanitaire. Nous avons embauché 300 pilotes, 200 mécaniciens, de nombreux saisonniers en escale pour être prêts pour le redémarrage de notre activité et en particulier pour cet été 2022 ».

« Au-delà de nos ressources propres, nous avons également demandé, dès janvier dernier, à l’ensemble de nos sous-traitants et partenaires de se préparer à une demande forte de voyages, à 90% du niveau de 2019. Toute notre flotte est en service cet été, et nous avons ré-ouvert la quasi intégralité de notre réseau, avec 196 destinations. Nous nous sommes ainsi préparés avec une anticipation maximale pour accompagner vos départs en vacances, en étant bien conscients de la difficulté à remettre en route notre système aéroportuaire et aéronautique, qui s’était brutalement arrêté en 2020 et tournait au ralenti depuis ». 

Anne Rigail poursuit : « Nous étions sur la bonne voie, avec en particulier des performances opérationnelles revenues à de bons niveaux sur le premier trimestre de cette année. Malheureusement, nous devons constater que depuis ces deux dernières semaines, nos opérations sont très fortement dégradées par des dysfonctionnements externes, qu’il s’agisse de mouvements sociaux aéroportuaires ou de dysfonctionnements d’infrastructures. Cela a pu générer pour certains d’entre vous des retards à votre arrivée à destination, des livraisons de bagages retardées voire des annulations de vols qui nous ont été imposées pour préserver le fonctionnement du système aéroportuaire de Paris-Charles de Gaulle. Je souhaite présenter mes profondes et sincères excuses à celles et ceux d’entre vous dont les voyages ont été touchés par ces dysfonctionnements ». 

« Je souhaite aussi vous assurer que l’ensemble des équipes Air France travaille sans relâche à votre service pour résoudre les situations les plus complexes, en particulier en matière de réacheminement des bagages dont la livraison a pu être retardée vendredi dernier suite aux mouvements sociaux qui ont très fortement perturbé le fonctionnement des trieurs bagages. Le réacheminement à destination de la totalité des bagages retardés prendra jusqu’à plusieurs jours. Conscients des difficultés que cela vous cause, nous vous remercions pour votre patience. En parallèle, les équipes d’Aéroports De Paris (ADP) sont pleinement mobilisées pour trouver des solutions aux difficultés actuelles et faire cesser au plus vite les importantes perturbations de ces derniers jours ». 

« Je vous souhaite malgré tout un excellent été et de pouvoir enfin profiter de la liberté de voyage retrouvée, en vous assurant de notre total investissement pour retrouver au plus vite une situation nominale », conclut la directrice générale d’Air France.

Air France : excuses, pilotes contre Parly et 10eme A220 1 Air Journal

©Air France-KLM

Côté gouvernance, le départ de la présidente du groupe Air France-KLM, Anne-Marie Couderc, atteinte par la limite d’âge, devrait entrainer selon La Tribune le retour de Florence Parly au printemps prochain. Une éventualité qui énerve particulièrement le SPAF (Syndicat des Pilotes du groupe Air France, minoritaire), sur deux points largement expliqués dans le quotidien économique : les choix du transport de fret en soute d’avions passagers quand Florence Parly était à la tête des opérations cargo d’Air France entre 2009 et 2013, la flotte dédiée étant passée depuis de 13 à aujourd’hui deux avions cargo Boeing 777F. « Ce choix funeste a conduit la compagnie à ne plus avoir la capacité de profiter du boom actuel de l’activité fret dans le monde », explique le syndicat dans l’Echo Touristique, sans mentionner bien sûr l’arrivée de CMA CGM dans le capital du groupe (deux 777F commandés et quatre exemplaires du futur Airbus A350F attendus, en plus des quatre Airbus A330-200F achetés à Qatar Airways et opérés par Air Belgium).

Autres colères du SPAF, le « parachute doré » perçu par Florence Parly en 2014, « 675.800 euros bruts d’indemnités », et le fait qu’elle n’a « pas davantage brillé dans son poste de directrice générale adjointe de l’activité passage point à point Orly et Escales France, alors chargée du redressement du court-courrier dans le cadre du plan Transform ». Le signal pour les salariés « serait très négatif » si cette nomination était confirmée, le SPAF « comme les pilotes qu’il représente, ne souhaite pas qu’Air France reste le placard doré de hauts fonctionnaires que l’État français et certains réseaux cherchent à recycler coûte que coûte ».

Enfin côté flotte, on retiendra la livraison à Air France du dixième des 60 Airbus A220-300 commandés : l’appareil de 148 sièges en 3-2, immatriculé F-HZUJ et baptisé « Auvers-sur-Oise », est parti de Mirabel pour rejoindre sa base à Paris-CDG, où il assurera ce 5 juillet son premier vol commercial en direction de Venise-Marco Polo (vol AF1126, décollage à 7h10). D’ici fin 2025, 60 A220-300 remplaceront progressivement une partie des appareils moyen-courrier d’Air France ; avec jusqu’à 15 livraisons attendues chaque année, il s’agit de « l’entrée en flotte la plus rapide de l’histoire d’Air France ». La cabine de l’A220-300, « la plus spacieuse et la plus lumineuse de sa catégorie », a été récompensée lors du salon Aircraft Interiors Expo d’Hambourg.

Auvers-sur-Oise fait selon Air France référence à « cette commune située au nord de Paris et connue internationalement grâce aux œuvres des peintres paysagistes et impressionnistes Paul Cézanne, Camille Corot et Vincent Van Gogh. Le peintre néerlandais a passé ses derniers jours à Auvers-sur-Oise, une période d’intense créativité ». Depuis 2019 et la livraison de son premier Airbus A350, Air France renoue avec la tradition de baptiser ses avions du nom de villes françaises. Auvers-sur-Oise est la 96ème ville à être mise à l’honneur sur les appareils de la compagnie.

Cet été, l’Airbus A220-300 d’Air France s’envole depuis Roissy vers Berlin, Hambourg et Munich (Allemagne), Milan-Linate, Milan-Malpensa, Bologne, Rome, Naples et Venise (Italie), Barcelone, Valence et Madrid (Espagne), Lisbonne (Portugal), Copenhague (Danemark), Athènes (Grèce), Helsinki (Finlande), Vienne (Autriche), Varsovie (Pologne) et Stockholm (Suède).

Air France : excuses, pilotes contre Parly et 10eme A220 2 Air Journal

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