Airbus et la compagnie aérienne Qatar Airways ont trouvé un accord à l’amiable, mettant fin à la saga de la « peinture des A350 » avant le début en juin de leur procès à Londres. Reste à avoir si et quand les annulations de commandes seront-elles-mêmes annulées.

L’avionneur européen et la compagnie nationale qatarie basée à l’aéroport de Doha ont annoncé le 1er février 2023 être « heureux d’être parvenus à un règlement à l’amiable et mutuellement acceptable concernant leur différend juridique concernant la dégradation de la surface de l’A350 et l’immobilisation au sol de l’A350. Un projet de réparation est maintenant en cours et les deux parties ont hâte de remettre ces avions en service en toute sécurité ». Les détails du règlement « sont confidentiels » comme de coutume, et les parties vont maintenant « procéder à l’abandon de leurs réclamations légales ».

L’accord de règlement n’est comme de coutume encore « pas une reconnaissance de responsabilité pour l’une ou l’autre des parties » ; mais il permettra à Qatar Airways et Airbus « d’aller de l’avant et de travailler ensemble en tant que partenaires ».

La suite ? Selon un porte-parole d’Airbus cité par AINonline, l’accord « ouvre la voie » à la livraison des 50 A321neo commandés par la compagnie de l’alliance Oneworld (commande annulée en janvier 2022, suivie par l’acquisition de Boeing 737 MAX), et la reprise des livraisons des 23 A350-1000 encore attendus (annulation finalisée en septembre dernier). A ce jour, Qatar Airways opère dix A350-900 et douze A350-1000 selon Planespotters, 31 autres A350 étant « parqués » sans que l’on sache si c’est uniquement lié à cette affaire. 

On remarquera que cette annonce survient juste après la demande du juge britannique en charge du dossier à la Haute Cour de Londres, David Waksman, a demandé au régulateur qatari QCAA de fournir des documents concernant sa décision d’immobiliser au sol les avions affectés (aucun autre régulateur ne l’a suivi, alors que la détérioration de surface a été constatés chez d’autres opérateurs y compris en France). Et qu’Airbus a confirmé des modifications de production de la famille A350, utilisant sur le fuselage une feuille de cuivre perforée (PCF) à la place d’une feuille de cuivre étendue (ECF) entre la peinture et le fuselage de carbone, la sous-couche étant essentielle pour garantir l’intégrité du fuselage en cas de coup de foudre. Airbus a reconnu que le nouveau matériau est plus léger, et « aidera également à résoudre le problème de détérioration constaté sur les appareils de Qatar Airways et d’autres opérateurs des A350 ».

Rappelons que Qatar Airways avait déjà pris livraison de 19 A350-1000 et des 34 A350-900 commandés quand l’affaire a éclaté début 2021. Sur l’ensemble de ces appareils dont elle était compagnie de lancement, 23 avaient été progressivement cloués au sol sur ordre du régulateur qatari, citant un risque pour la sécurité des vols suite à la dégradation des peintures et l’érosion d’une couche de protection – vidéos à l’appui. Un argument réfuté par Airbus, selon qui il ne s’agit que d’un problème « cosmétique », tandis que le chef de l’EASA a assuré qu’il n’y a pas de risque pour la sécurité.

A350 : l’armistice signé entre Airbus et Qatar Airways 1 Air Journal

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