Les familles de quatre passagers décédés dans la catastrophe du vol Air India AI171 le 12 juin dernier ont déposé plainte aux États-Unis contre Boeing et l’équipementier Honeywell, qu’elles accusent de négligence.
Selon elles, un dispositif de coupure carburant défectueux du Boeing 787-8 Dreamliner serait à l’origine du drame qui a coûté la vie à 260 personnes près de l’aéroport d’Ahmedabad, en Inde. La plainte, enregistrée mardi devant la cour supérieure du Delaware, soutient que le mécanisme de verrouillage du sélecteur carburant installé dans le poste de pilotage pouvait être désactivé de manière involontaire. Une telle action couperait l’alimentation en carburant, entraînant une perte de poussée critique au moment du décollage. Boeing, qui a conçu et installé le système, et Honeywell, qui l’a fabriqué, auraient été informés du risque dès 2018, après une mise en garde de la Federal Aviation Administration (FAA) américaine sur des défaillances similaires constatées sur plusieurs appareils.
Selon le rapport préliminaire de l’Aircraft Accident Investigation Bureau (AAIB) indien publié en juillet, l’appareil impliqué dans la catastrophe avait déjà fait l’objet de travaux sur son module de commande des gaz en 2019 puis en 2023. Air India n’aurait pas suivi l’ensemble des recommandations de contrôle de l’autorité de l’aviation civile indienne, ce que conteste la compagnie indienne qui a déclaré n’avoir détecté aucun problème concernant le mécanisme de verrouillage des interrupteurs de commande de carburant après avoir effectué des inspections préventives sur tous ses Boeing 787 et 737.
L’enregistreur de cockpit a par ailleurs révélé que le commandant aurait lui-même enclenché la coupure de carburant pendant la phase de montée, ce que contestent certaines familles de victimes, jugeant que les enquêteurs se concentrent excessivement sur les actions de l’équipage.
Le vol AI 171 d’Air India, opéré par un Boeing 787-8, en route vers Londres Gatwick, s’est écrasé peu après son décollage d’Ahmedabad le 12 juin, tuant 241 des 242 passagers à bord et 19 autres au sol.
Si les enquêteurs internationaux – Indiens, Britanniques et Américains – n’ont pas encore établi avec certitude la cause du crash, la plainte ouvre la voie à une longue bataille juridique. Les experts rappellent que les familles de victimes préfèrent souvent engager la responsabilité des constructeurs, moins protégés que les compagnies aériennes par les plafonds d’indemnisation internationaux. Les tribunaux américains sont également réputés beaucoup plus favorables aux plaignants que ceux d’autres pays.
Pour l’instant, Washington estime « hautement improbable » qu’une anomalie mécanique sur le système de commande carburant ait provoqué l’accident, selon les déclarations en juillet du patron de la FAA, Bryan Bedford.
Boeing, dont le siège social est basé en Virginie, a refusé de commenter. Honeywell, installé en Caroline du Nord, n’a pas répondu aux sollicitations de la presse. Les deux sociétés sont enregistrées dans le Delaware, juridiction privilégiée pour les poursuites contre les entreprises américaines.

atplhkt a commenté :
19 septembre 2025 - 17 h 50 min
Sur ce drame les deux sites dédiés les plus connus (anglophone et francophone) ont des dizaines de pages d’échanges techniques et d’hypothèses.
Pour ce qui est des documents officiels, à ce jour, il y a eu de publié (conforme à la règle OACI annexe 13) le rapport préliminaire :
https://aaib.gov.in/What's%20New%20Assets/Preliminary%20Report%20VT-ANB.pdf
En page 14 il est mentionné :
” The aircraft achieved the maximum recorded airspeed of 180 Knots IAS at about 08:08:42 UTC and immediately thereafter, the Engine 1 and Engine 2 fuel cutoff switches transitioned from RUN to CUTOFF position one after another with a time gap of 01 sec. The Engine N1 and N2 began to decrease from their take-off values as the fuel supply to the engines was cut off. In the cockpit voice recording, one of the pilots is heard asking the other why did he cutoff. The other pilot responded that he did not do so.”
En Français :
” L’avion a atteint une vitesse maximale enregistrée de 180 nœuds IAS à 8 h 08 min 42 s UTC. Immédiatement après, les interrupteurs de coupure carburant des moteurs 1 et 2 sont passés de la position RUN à la position CUTOFF, l’un après l’autre, avec un intervalle d’une seconde. Les régimes des moteurs N1 et N2 ont commencé à diminuer par rapport à leurs valeurs de décollage, l’alimentation en carburant des moteurs étant coupée. L’enregistrement des conversations du poste de pilotage permet d’entendre l’un des pilotes demander à l’autre pourquoi il a coupé. L’autre pilote a répondu qu’il ne l’avait pas fait. ”
Pour les développements techniques, les hypothèses voire suppositions, les sites précités (crash et pprune) permettront à tout lecteur intéressé d’avoir (pour le moins) de très nombreux développements techniques sur les systèmes.
FAA et 787 défaillances a commenté :
20 septembre 2025 - 10 h 49 min
” Boeing, qui a conçu et installé le système, et Honeywell, qui l’a fabriqué, auraient été informés du risque dès 2018, après une mise en garde de la Federal Aviation Administration (FAA) américaine sur des défaillances similaires constatées sur plusieurs appareils. ”
Donc plusieurs cas de défaillances similaires avaient été signalés…
Le mécanisme de verrouillage du sélecteur carburant installé dans le poste de pilotage pouvait être désactivé de manière involontaire.