Le feu vert de l’Union européenne au rachat de Spirit AeroSystems par Boeing semble imminent, marquant la dernière étape majeure d’un processus réglementaire mené des deux côtés de l’Atlantique. Ce retour de Spirit dans le giron de Boeing, évalué à 4,7 milliards de dollars, vise à stabiliser la chaîne d’approvisionnement du constructeur américain après plusieurs années de crises industrielles.

L’opération a déjà reçu, en août 2025, l’approbation sans conditions de la Competition and Markets Authority (CMA) britannique. La décision attendue de la Commission européenne, d’ici au 14 octobre, est considérée comme le dernier obstacle réglementaire important. Les autorités américaines poursuivent encore leur examen, mais selon plusieurs analystes cités par Reuters, elles ne devraient pas s’opposer à la transaction. Boeing et Spirit ont en effet présenté un plan garantissant un accès équitable à leurs technologies pour d’autres avionneurs, afin d’éviter tout déséquilibre sur le marché mondial des fournisseurs aéronautiques.

Ce rachat marque une étape décisive dans la réintégration de Spirit au sein de Boeing, vingt ans après la séparation des deux entreprises. Né d’un vaste plan de réduction des coûts, le détachement de Spirit en 2005 avait permis à Boeing de se décharger de la fabrication de plusieurs tronçons de fuselage, notamment ceux du 737 à Wichita (Kansas). Mais l’indépendance de Spirit s’est progressivement transformée en fardeau : pressions sur les marges, retards de production et difficultés à maintenir la cadence imposée par Boeing et Airbus ont fragilisé son modèle économique. Sa situation financière est devenue préoccupante ces derniers mois, dans un contexte de difficultés de production et de problèmes de qualité qui ont retardé les livraisons du 737 MAX. Ces incidents ont contraint Boeing à accroître son soutien financier à Spirit, déjà dépendant du constructeur américain pour plus de 70 % de son chiffre d’affaires.

Un partage des activités pour préserver la concurrence

En juillet 2024, Boeing avait annoncé son intention de racheter son ancien partenaire afin de « renforcer la maîtrise de sa chaîne d’approvisionnement », un enjeu redevenu critique après les crises de production du 737 MAX et du 787. Un partage des activités pour préserver la concurrence. L’Union européenne veille toutefois à ce que cette opération n’entrave pas la concurrence sur le marché aéronautique. Selon Reuters, les concessions proposées par Boeing incluent la cession à son rival européen de plusieurs sites de Spirit AeroSystems, notamment à Prestwick (Écosse) et Subang (Malaisie), qui travaillent sur des programmes Airbus, ainsi que certaines activités à Belfast (Irlande du Nord).

En parallèle, un accord séparé prévoit qu’Airbus reprenne les activités de Spirit jugées non rentables, notamment celles liées à la production de composants des A220 et A350. Pour rappel, les activités de Spirit liées à Airbus sont situées notamment aux Etats-Unis en Caroline du Nord (le site de Kinston pour les sections de fuselage de l’A350) et Wichita au Kansas (pour la production des « pylônes »  de l’A220) : en France (le site de Saint-Nazaire, sections de fuselage de l’A350) ; au Maroc (le site de Casablanca, composants de l’A321 et de l’A220) ; en Irlande du Nord (production du fuselage central de l’A220 à Belfast) ou encore à Prestwick, en Écosse (composants d’ailes pour l’A320 et l’A350). Conformément aux dispositions de l’accord contraignant annoncé le 1er juillet 2024, Airbus sera rémunéré par un versement de 439 millions de dollars de Spirit AeroSystems, sous réserve de certains ajustements à la clôture.

Cette répartition des actifs revient à scinder le fournisseur en deux entités principales : l’une consacrée à Boeing, l’autre placée sous contrôle d’Airbus.

Boeing sur le point d’obtenir le feu vert européen pour racheter Spirit AeroSystems 1 Air Journal

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