Si une majorité des pilotes de la compagnie aérienne Air France ont voté en faveur du projet Boost, les syndicats d’hôtesses de l’air et de stewards y restent farouchement opposés au point d’évoquer une prochaine grève. Les syndicats de PNC de la compagnie nationale française se sont réunis le 21 février 2017 pour discuter le projet de filiale à bas coûts devant voir le jour à l’automne, et qui vient d’être accepté par une majorité de pilotes. Après avoir menacé Air France de guerre si elle maintenait ce « projet sordide », l’intersyndicale SNPNC – UNSA PNC avait dès lundi soir exprimé sa colère au sujet du projet de Boost, expliquant dans un long tract pourquoi elle avait décidé de quitter la table des négociations : « nous avons décidé de ne plus apporter notre caution à ces pseudos négociations car la négociation est en réalité déjà terminée. Pour preuve, alors qu’aucune de nos propositions n’a à ce jour reçu de réponses, Monsieur Caron Directeur du PNC nous a  déjà donné les pistes retenues dans un accord qui serait en voie de finalisation (…). Avec qui cet accord a-t-il été conçu ??? MYSTERE !!!!!!  Nous sommes ravis d’apprendre en tout cas que toutes les pistes présentées comme des avancées pour le PNC ne sont que des semi abandons de propositions de dégradations qui constituaient la base de négociation  présentée par la boite… ». Pour l’intersyndicale, en récompense des efforts consentis dans le plan Transform 2015, la direction d’Air France a donc fait le choix de « remercier ses PNC de façon assez peu conventionnelle :
  1. En les excluant du projet  d’entreprise, que l’on devrait plutôt rebaptiser « FUCK THE PNC TOGETHER ». L’entreprise, mais aussi certains syndicats PS, réclament la mise en place d’une compagnie BOOST dans laquelle des PNC exploités viendront directement concurrencer nos emplois, nos conditions de travail et de rémunération à moyen terme. Pas avant 4 à 5 ans, très certainement, le temps que la compagnie « jumelle » soit totalement opérante avec  l’arrivée  des avions nécessaires (A350).
  2. En vous proposant un projet d’ACG en trompe l’œil qui va dégager encore plus d’économies sur notre dos, car les PNC sont apparemment le filon qui sert à dégager du fric pour financer BOOST et surtout pour payer la SURprime promise aux PS et aux Pilotes».
Le SNPNC et l’UNSA PNC résument ainsi la position du personnel de cabine : « quand Air France perd un milliard c’est 20% d’efforts PNC, quand elle gagne un milliard c’est 40% d’efforts supplémentaires pour le PNC ». La compagnie « avance petit à petit ses pions pour se débarrasser de notre population trop gênante, car trop vieille et  trop chère » : au lieu d’embaucher (en CDI) de jeunes PNC « pour rétablir l’équilibre de notre système de rémunération (de jeunes embauchés PNC AF + les anciens PNC AF = des PNC AF au prix du marché) », la direction est en train de « planifier et d’amplifier ce déséquilibre pour justifier notre disparition, ou plutôt nos baisses de salaires qui seront demandées après cet accord ». L’intersyndicale explique avoir participé à des mois de négociations, travaillé sur plusieurs projets pour améliorer l’accord collectif, et se dit forcée de reconnaitre que la Direction « n’avait qu’un objectif : gagner du temps ». Et affirme qu’elle ne reviendra pas à la table des négociations si ce n’est pour discuter de ses propositions « qui n’ont jamais reçu de réponses », et de la mise en place « d’un secteur mixité LC/ MC, en lieu et place d’une nouvelle compagnie qui n’est qu’un cheval de Troie pour détruire nos conditions de travail et de rémunération dans les années à venir. Si ce n’est nos emplois ».  L’UNAC CFE-CGC reste donc le seul syndicat à négocier officiellement ; son vice-président Eric Chauvel appelait lundi ses adhérents à ne pas se tromper de cible après avoir été témoin « de plusieurs réactions violentes à l’égard des pilotes » : toute « scission entre le poste et la cabine laisserait des cicatrices fratricides dont nous ne nous remettrions pas », alors que les responsables « siègent à la Direction ». Rappelons qu’Air France avait convié la semaine dernière les syndicats de PNC à au moins une semaine de négociations, sur le projet Boost mais aussi sur le nouvel accord collectif, l’actuel arrivant à échéance à la fin du mois. Le directeur général Franck Terner soulignait dans un courrier que « pour exploiter les plus déficitaires de nos lignes, et reprendre l’offensive sur des routes ultra-concurrentielles où jamais Air France ne pourra reprendre pied dans les conditions d’aujourd’hui ». Ce qui passe, « c’est incontournable », par des conditions PNC différentes en salaire, en temps de travail et en compositions d’équipage.