Boeing a annoncé la commande de jusqu’à vingt 737 MAX 9 par la compagnie aérienne Primera Air, qui veut lancer des vols transatlantiques au départ de la Scandinavie. Mais le problème rencontré par les moteurs CFM International LEAP-1B, qui a cloué au sol la flotte d’essais, va entrainer une nouvelle certification des moteurs par la FAA. L’avionneur américain a annoncé le 11 mai 2017 la commande ferme de huit 737 MAX 9 par Primera Air, filiale du Primera Travel Group opérant avec des licences danoise et lettone, un contrat d’une valeur de 950 millions de dollars au prix catalogue. Cette commande est accompagnée par quatre options d’achats pour le même monocouloir remotorisé, Primera Air devant en outre prendre en leasing huit exemplaires supplémentaires chez Air Lease Corporation (ALC). Selon le communiqué de Boeing, les 737 MAX 9 vont « former l’épine dorsale de l’avenir de la low cost, qui veut ouvrir des routes entre l’Europe et l’Amérique du nord ». Primera Air prévoit d'utiliser les réservoirs auxiliaires de carburant du MAX 9 « pour réduire les coûts de voyage et maximiser le rayon d’action, afin de se permettre des liaisons vers la Côte Est des Etats-Unis, ajoute Boeing. « Le 737 MAX 9 permettra à Primera Air d'ouvrir des vols directs long courrier entre l’Europe et les États-Unis avec des économies inégalées », a déclaré son président Andri M. Ingolfsson. « Cet avion a un coût par siège plus bas que tous les bi-couloirs desservant le marché transatlantique, et les capacités de ce type d'avion vont changer l'économie de l'industrie. Cela ouvrira des possibilités fantastiques de croissance pour Primera Air dans le futur », a-t-il ajouté. Monty Oliver, vice-président ventes Europe de Boeing Commercial Airplanes souligne de son côté que « l'engagement de Primera Air est un soutien majeur au 737 MAX 9 et sa capacité à desservir de nouveaux marchés transatlantiques ». Primera Air est un transporteur tout-Boeing : elle exploite actuellement une flotte de neuf 737-700 et 737-800 entre plus de 70 aéroports européens. Le Primera Travel Group exploite des agences de voyages et des entreprises de voyages en Suède, au Danemark, en Norvège, en Finlande, en Islande et en Estonie. Le 737 MAX, qui intègre la dernière technologie des moteurs CFM International LEAP-1B, des winglets de technologies avancées « et d'autres améliorations pour offrir la plus grande efficacité, la fiabilité et le confort des passagers sur le marché monocouloir », est l'avion le plus vendu dans l'histoire de Boeing, accumulant plus de 3700 commandes auprès de 87 clients dans le monde entier. Mais le problème rencontré sur les LEAP va entrainer des délais imprévus : après avoir cloué au sol la flotte d’essais (quatre MAX 8 et un MAX 9) mercredi pour cause de problèmes potentiels sur des disques de turbine basse pression (LPT), l'avionneur a déclaré hier que la FAA doit de nouveau certifier les moteurs, avant toute reprise des vols – et bien sûr avant le début des livraisons. L’avionneur comme CFM International devront soumettre à la FAA des données qui seront examinées avant de permettre la reprise des essais. La porte-parole de l’administration américaine Lara Brown a expliqué que la FAA « travaillera avec eux afin de développer un plan pour donner le feu vert aux moteurs » ; nul ne semble savoir combien de temps cela pourrait prendre. Le 737 MAX 8 équipé de LEAP-1B avait été certifié le 9 mars, et l’annonce d’hier crée une incertitude sur la première livraison prévue d’ici la fin du mois à la compagnie indonésienne Malindo Air (des rumeurs avaient mentionné lundi prochain). CFM International a précisé que les LEAP-1A destinés à l’Airbus A320neo ne sont pas concernés par le problème de LPT, pas plus que les LEAP-1C du Comac C919 (leurs turbines basse pression sont différentes). C'est un « problème de qualité de production, qui a été identifié à la réception du disque, ce qui veut dire qu'il n'a pas été monté sur un moteur. La levée de doute ne concerne qu'une poignée de turboréacteurs » LEAP-1B, a déclaré dans Air & Cosmos Olivier Andriès, directeur général de Safran Aircraft Engines. Entre 30 et 40 réacteurs seront rapatriés et feront l’objet d’une inspection spécifique ; mais la FAA prendra en compte l’intégralité des LEAP-1B produits avant de donner son feu vert à une reprise des vols. Nous allons « tout faire pour que la première livraison ait lieu en mai », a ajouté M/ Andriès. On retiendra par ailleurs que Boeing a posé la première pierre hier à Zhoushan en Chine de son futur centre de finition et de livraison des 737, première installation industrielle de l’avionneur hors des Etats-Unis. Les premières livraisons y sont attendues à la fin de l’année prochaine. Rappelons que l’annonce d’un C&DC de Boeing en Chine suivait de quelques mois celle d’Airbus, dont le CD&C de Tianjin pour A330 devrait être achevé au deuxième semestre 2017 avec une livraison inaugurale prévue début 2018. L’avionneur européen opère depuis 2008 à Tianjin une FAL pour ses A320, un pas que son concurrent américain n’est pas encore prêt à franchir.