La compagnie aérienne low cost Ryanair a appelé le syndicat Forsa à retirer « le pilote Aer Lingus » du processus de négociation en cours si d’autres grèves doivent être évitées. En Belgique, les « lettres de menaces » reçues par les PNC ayant fait grève indignent la CNE.

Alors que le syndicat Forsa, qui inclut désormais l’IALPA représentant les pilotes irlandais employés par la spécialiste du vol pas cher, a déjà prévu sa quatrième grève le 3 aout 2018,  Ryanair lui a écrit samedi pour demander que le Commandant de bord Ewan Cullen, pilote Aer Lingus selon elle, soit exclu des discussions en raison de son « ingérence ». Selon la compagnie, des propositions écrites ont déjà été mises sur la table sur les listes d’ancienneté de ses pilotes irlandais, les transferts entre bases et les congés annuels, propositions qui sont « conformes à toutes les 9 exigences de FORSA » – sauf deux « que FORSA ne peut expliquer parce qu’elles se contredisent et endommagent les pilotes irlandais » (lesquelles n’est pas franchement clair).
Ryanair estime que le syndicat ne contrôle pas ce processus, étant « induit en erreur par un pilote d’Aer Lingus pour les décisions de ce processus », alors que des accords ont déjà été signés avec des syndicats « externes » de pilote au Royaume-Uni, en Italie et en Allemagne, mais n’a pas progressé en Irlande.

À ce jour, Ryanair a subi 3 jours de grève, suivis par environ « 25% de ses pilotes irlandais ». La compagnie accuse le syndicat de refuser toutes ces invitations de réunion, le quatrième jour de grève annoncé dans la foulée du troisième ne bénéficiant à personne « sauf à Aer Lingus qui emploie Ewan Cullen » (citant comme preuve une lettre envoyée à la police) ; vendredi prochain, la low cost a comme les jours précédant annulé 20 des 300 vols prévus entre l’Irlande et le Royaume Uni. La low cost avait annoncé vendredi l’impact attendu de ces grèves : déplacement de cinq avions basés à l’aéroport de Dublin vers la Pologne, et suppression possibles de 300 postes. Forsa nie tout rapport avec des pilotes Aer Lingus.

Un porte-parole de Ryanair a déclaré dans un communiqué : « Dans d’autres pays européens, les syndicats ont fait de gros efforts pour s’assurer que les pilotes concurrents ne participent pas aux négociations syndicales de Ryanair. En Irlande, Forsa n’a pas réussi à retirer les pilotes d’Aer Lingus du processus, ce qui ressemble à un gestionnaire de magasins Dunnes négociant avec Tesco au nom des travailleurs de Tesco. Cela n’arriverait tout simplement pas, mais Forsa le permet avec Ryanair. Aucun progrès ne peut être fait pour résoudre ce problème tant que Forsa n’aura pas empêché le pilote d’Aer Lingus de s’ingérer dans ce conflit ».

Les pilotes irlandais ne sont pas les seuls à avoir mené des grèves ces derniers jours : mercredi et jeudi dernier, 600 vols ont été annulés par les arrêts de travail de syndicats d’hôtesses de l’air et stewards en Belgique, en Espagne et au Portugal. Selon le courrier envoyé au gouvernement belge et aux autorités européennes samedi par le syndicat CNE, des lettres d’avertissement ont été envoyées aux PNC dès le lendemain de la grève, rappelant qu’un ‘no show’ est « une faute lourde qui amène le plus souvent au licenciement sans indemnité en cas de répétition ». Participer à une grève « ne peut en aucun cas être considéré comme une faute. Cela va à l’encontre de toutes les Conventions internationales », estime la CNE, qui déplore dans le même temps : « cela fait trop longtemps que la lenteur des tribunaux et l’inertie des services d’inspection sociale permettent à Ryanair de continuer à développer son modèle et son exploitation en toute impunité ». Les syndicats des trois pays concernés n’ont pas encore indiqué s’ils comptaient réitérer leur mouvement.