Boeing a enregistré au troisième trimestre une perte nette de 466 millions de dollars, moins importante que prévu. Mais le constructeur a prévenu que 7000 suppressions de postes supplémentaires étaient nécessaires pour atteindre 130.000 salariés à la fin 2021 – contre plus de 161.000 au début 2020. Son carnet de commandes total est de 393 milliards de dollars, dont « plus de 4300 avions commerciaux », mais il ne devrait livrer en 2021 qu’environ la moitié des 450 737 MAX stockés depuis mars 2019.

Les résultats financiers de l’avionneur américain « demeurent fortement affectés par la pandémie de Covid-19 et l’immobilisation au sol du 737 MAX », a résumé Boeing le 28 octobre 2020 en présentant un chiffre d’affaires au T3 à 14,14 milliards de dollars (-29% par rapport à l’année dernière). Cela reflète selon Boeing une baisse des livraisons d’avions commerciaux et du volume des services « essentiellement dues » à la pandémie. Au troisième trimestre, Boeing a généré un cash-flow opérationnel de -4,8 milliards de dollars, les liquidités et les titres négociables totalisant 27,1 milliards de dollars ; sa dette est passée en un an de 25 à 61 milliards de dollars.

« Au troisième trimestre, la crise sanitaire mondiale a continué de peser sur nos activités. Nous nous adaptons à cette nouvelle réalité en gérant notre trésorerie au plus juste et en transformant nos activités pour rendre notre Groupe plus affûté, plus résilient et plus durable sur le long terme », a déclaré le CEO de Boeing Dave Calhoun. « Notre portefeuille diversifié, qui comprend les services gouvernementaux, ainsi que les programmes de défense et spatiaux, continue de nous assurer une certaine stabilité, tandis que nous nous adaptons et reconstruisons nos activités pour aborder la période post-pandémie dans les conditions optimales », a-t-il ajouté. Et « malgré les vents contraires à court terme, nous restons confiants quant à notre avenir à long terme et sommes focalisés sur le maintien des investissements essentiels à notre activité et des mesures significatives que nous prenons pour renforcer notre culture de la sécurité, améliorer la transparence et restaurer la confiance ».

Ne s’attendant à un retour à la normale qu’en 2023, avec l’année prochaine un trafic aérien « de 30% à 35% » de ce qu’il était en 2019, le dirigeant a déclaré que Boeing reste « concentré sur la santé et la sécurité de nos employés et de leurs communautés. Je suis fier du dévouement et de l’engagement dont nos équipes font preuve pour répondre aux attentes de nos clients dans ce contexte particulièrement difficile ». Mais 7000 postes supplémentaires vont être supprimés pour atteindre à la fin de l’année prochaine 130.000 salariés, contre plus de 161.000 début 2020. Les postes visés ne sont pas précisés, mais Boeing avait prévenu dès le mois d’aout que les départs volontaires ou naturels ne seraient pas suffisants.

Dans une note aux employés, Dave Calhoun « déplore » que ses clients souhaitent « désespérément économiser de l’argent », ce qui a fortement entraîné une forte baisse de la demande. « Alors que nous nous alignons sur les réalités du marché, nos unités commerciales et nos fonctions prennent soigneusement des décisions en matière de dotation en personnel, afin de donner la priorité à l’attrition naturelle et à la stabilité afin de limiter l’impact sur nos employés et notre entreprise », assure le CEO.

Résultats Boeing : pertes, emploi et 737 MAX 1 Air Journal

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Côté production justement, Boeing expliquait hier que le 737 MAX a effectué environ 1400 vols d’essai et de vérification, et accompli plus de 3000 heures de vol dans le cadre d’un « vaste et solide processus de certification » qui a déjà reçu des satisfécits de la FAA puis de l’EASA (la Chine n’a encore rien dit). Mais les déclarations aux analystes du directeur financier Greg Smith ont été claires sur les futures livraisons du monocouloir remotorisé, cloué au sol depuis mars 2019 et deux accidents ayant fait 346 victimes chez les compagnies aériennes Lion Air puis Ethiopian Airlines : sur les quelque 450 MAX construits et stockés, « nous prévoyons de devoir recommercialiser certains de ces appareils et éventuellement les reconfigurer, ce qui allongera le délai de livraison ».

La livraison « d’environ la moitié des avions actuellement entreposés  » est désormais prévue d’ici la fin de l’année prochaine, suivie de « la majorité » des avions restants en 2022. Ces livraisons sont prioritaires après l’assistance fournie aux clients pour leur remise en service, précise Greg Smith ; le calendrier de livraison des 737 MAX « ainsi que le profil de montée en cadence de la production continueront d’être dynamiques, car ils seront finalement dictés par le rythme de la reprise du marché commercial, qui a été lente et reste incertaine ».

Le CEO de Boeing estime de son côté qu’il pourrait y avoir une reprise des commandes de MAX, y compris ceux nouvellement assemblés (le rythme prévu pour 2021 est de 31 par mois), « si des vaccins sont disponibles » et si le trafic redémarre… On retiendra par ailleurs les informations de The Air Current selon qui un 737-5G était avant la crise sanitaire à l’étude pour remplacer le MAX 10, tandis la rumeur d’un avion entièrement nouveau pour remplacer les 757 et 767 serait totalement fausse.

Résultats Boeing : pertes, emploi et 737 MAX 2 Air Journal

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