Le Conseil d’administration du groupe Air France-KLM a approuvé l’accord passé avec la Commission européenne sur une nouvelle aide publique à la compagnie aérienne française, dont les contreparties devant être détaillées aujourd’hui. Certains évoquent un montant de 5 milliards d’euros en plus des 7 déjà versés, mais le syndicat CGT par exemple ne veut pas entendre parler de cession de créneaux à l’aéroport d’Orly.

Réunis hier soir, les dirigeants du groupe franco-néerlandais ont selon Bloomberg sans grande surprise approuvé les nouvelles conditions posées par Bruxelles à la recapitalisation d’Air France, telles qu’annoncées dimanche par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. On devrait savoir après le CSE de ce 6 avril 2021 à quel point la Commission a revu à la baisse ses exigences sur la cession de créneaux de vol à l’aéroport de Paris-Orly, fixée initialement à 24 paires – ce qui avait provoqué un tollé dans l’hexagone. Une exigence équivalente à 8700 rotations par an – ou 7% des quelque 125.000 créneaux actuellement détenus par la compagnie nationale française à Orly.

Très affecté par la pandémie de Covid-19, avec une perte nette de 7,1 milliards d’euros en 2020 (avec une dette doublée à 11 milliards), Air France-KLM n’a guère le choix de toute façon. S’il semble acquis que les 3 milliards d’euros de prêt consentis à Air France seront convertis en obligations hybrides et donc en fonds propres (les 4 autres milliards de l’année dernière étaient des garanties sur des prêts bancaires), certaines sources évoquent 2 milliards d’euros supplémentaires de nouvelle aide publique pour renflouer Air France, via une augmentation de capital.  

Pour valider ce montage financier, la Commission européenne exigeait d’Air France qu’elle renonce à des créneaux à Orly, dans le même ordre de grandeur que ce que le groupe Lufthansa avait cédé mais dans deux aéroports, Francfort et Munich. D’après le gendarme européen de la concurrence, tout Etat voulant « apporter une aide de recapitalisation d’un montant supérieur à 250 millions d’euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opère » doit proposer « des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace ».

Ce nouveau soutien financier fait au moins un mécontent, le syndicat CGT Air France qui a rappelé hier que la transformation des prêts en obligations n’était « pas de l’argent frais ». Mais son communiqué insiste surtout sur le fait qu’il « revendique qu’aucun créneau du groupe Air France ne soit cédé » : céder moins de 24 créneaux « n’est pas juste et proportionné comme le prétend le ministre de l’Économie. C’est juste jeter en pâture les salariés d’Air France à la concurrence avec les salariés des compagnies à bas coût ». Et les efforts de compétitivité nécessaires rappelés par Bruno Le Maire en échange de la nouvelle aide prouvent selon la CGT que « c’est bien les salariés qui sont visés » : alors que « supprimer les emplois d’Air France et donc les savoir-faire, c’est se priver d’être en capacité de saisir l’activité lorsque la reprise dans le secteur aérien sera là ».

Un comité social et économique (CSE) central d’Air France est convoqué ce mardi matin, qui devrait confirmer et détailler toutes ces annonces. Rappelons que la compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines fait face à des exigences similaires à Amsterdam-Schiphol, mais aucun accord sur les contreparties n’a été mentionné depuis les Pays-Bas. 

Air France : une aide de 5 milliards, mais contre quoi ? 1 Air Journal

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