Les 286 salariés français de la compagnie aérienne low cost Norwegian Air Shuttle, n’ayant pas reçu de salaires depuis deux mois, sont allés en justice pour demander une procédure de liquidation de la filiale basée à l’aéroport de Paris-CDG. En Espagne, ce sont près de 1200 employés qui devraient être licenciés par la compagnie en pleine restructuration.

Déjà dénoncée par le syndicat de pilotes SNPL, la situation sociale chez la spécialiste norvégienne du vol pas cher (qui a annoncé en janvier l’arrêt de ses vols long-courrier et donc la fermeture de la base de Roissy) est depuis le 5 mai 2021 entre les mains du tribunal de commerce de Bobigny. Sans salaire depuis 65 jours, les 145 pilotes, 136 hôtesses de l’air et stewards et cinq employés administratifs français de Norwegian ont demandé l’ouverture d’une procédure de liquidation en France – où la filiale dépend de Norwegian Air Resources Limited en Irlande, elle-même en liquidation. Fiodor Rilov, avocat des salariés français, a expliqué sur BFMTV que la nomination d’un « mandataire français dans le cadre de la procédure de faillite qui touche Norwegian » permettrait entre autres aux salariés de bénéficier de l’assurance garantie des salaires (AGS).

Un mandataire français serait « un peu plus diligent que le liquidateur irlandais et fera les démarches pour que l’AGS intervienne et garantisse les rémunérations », a précisé l’avocat, la déléguée syndicale UNAC Alexandra Lafarge déplorant de son côté que le liquidateur irlandais « ne nous donne aucun document ». L’Eta français est déjà intervenu après des autorités norvégiennes dans le dossier, notamment parce que Norwegian a reçu des aides publiques à hauteur de 8 millions d’euros selon les syndicats.

La situation est encore pire en Espagne, même si le pays sera le seul hors Scandinavie où les avions de Norwegian se poseront cet été. Deux aéroports seulement, Alicante-Elche et Malaga-Costa del Sol, seront desservis par la low cost (sous réserve de levée des restrictions de voyage liées à la pandémie de Covid-19), avec au maximum deux Boeing 737-800 basés sur place (six espérés fin 2022) et un effectif de 215 navigants.

Environ 1200 PNC vont donc être licenciés, soit 85% de ses effectifs en Espagne, a annoncé Norwegian hier en présentant pour le 1er trimestre des revenus en baisse de 96% et un trafic en chute du même pourcentage avec 210.000 passagers accueillis. La low cost desservait une quinzaine d’aéroports espagnols avant la crise, avec en particulier une base long-courrier à Barcelone qui reliait la Catalogne à cinq villes américaines en 2019. Ses bases de Gran Canaria et Ténériffe-Sud seront également fermées.

Rappelons que le conseil d’administration de Norwegian Air Shuttle a annoncé le 14 janvier aux autorités boursières d’Oslo un « plan indicatif » d’actions qui devraient lui permettre de sortir des procédures de protection contre les créanciers en Irlande (où sont basées plusieurs filiales), et de processus de restructuration au cours du premier trimestre. Et ce après avoir affiché un trafic en baisse de 81% en 2020, en raison de la crise sanitaire, la compagnie aérienne étant en outre placée depuis décembre sous la protection de la loi sur les faillites dans son pays d’origine.

La low cost norvégienne (dont les difficultés financières ont commencé bien avant la pandémie) compte désormais se concentrer sur son activité de base dans les pays nordiques, en exploitant un réseau européen court-courrier uniquement avec des monocouloirs. « Si le plan est couronné de succès et accepté », elle devrait initialement détenir jusqu’à 50 Boeing 737 (détenus et loués) « opérant principalement en Norvège et dans les pays nordiques » et entre la Scandinavie et « l’Europe continentale ». Le nombre d’avions pourrait remonter à 70 en 2022, alors que sa flotte compte actuellement 37 avions.

Emploi chez Norwegian : sans salaire en France, licenciés en Espagne 1 Air Journal

©Norwegian