Le rachat de la compagnie aérienne Air Europa ne semble plus intéresser le Groupe IAG, malgré les concessions présentées à l’Union européenne par celui qui contrôle déjà en Espagne Iberia et les low cost Vueling et Level.

Dans un court communiqué le 15 décembre 2121, International Airlines Group (IAG, qui rassemble également British Airways et Aer Lingus) et Globalia, propriétaire de la compagnie basée à l’aéroport de Madrid-Barajas, « confirment que les négociations visant à résilier l’accord signé le 4 novembre 2019 et amendé le 20 janvier 2021 sont à un stade avancé, accord selon lequel la filiale d’IAG, Iberia, s’était engagée à acquérir la totalité du capital émis en actions d’Air Europa ». Une nouvelle mise à jour « sera effectuée à l’avenir, le cas échéant », a déclaré le directeur financier du groupe Stephen Gunning. Retour sur une histoire qui ne semble pourtant pas terminée :

IAG avait annoncé en novembre 2019 vouloir acheter Air Europa pour un milliard d’euros. Le groupe mettait alors en avant les avantages attendus de la manœuvre, à commencer par transformer l’aéroport de Madrid en hub « rival des Londres-Heathrow, Paris-CDG, Amsterdam-Schiphol et Francfort » ; ré-établir IAG comme leader sur « le marché attractif entre l’Europe, l’Amérique latine et les Caraïbes » ; et « offrir de potentielles synergies significatives en termes de coûts et de revenus », tout en offrant aux passagers des « bénéfices significatifs » en termes de choix, de flexibilité des horaires et d’utilisation du programme de fidélité Avios.

Fin janvier 2021, face à l’impact de la pandémie de Covid-19, IAG avait divisé par deux le prix du rachat d’Air Europa, à 500 millions d’euros, avec un paiement différé jusqu’au sixième anniversaire de la réalisation de l’acquisition » (soit 2026). Une réduction conditionnelle à une négociation satisfaisante entre Iberia et la Sociedad Estatal de Participaciones Industriales (le fonds SEPI), concernant les conditions non financières associées au soutien financier fourni par ce dernier en 2020 à Air Europa (à hauteur de 475 millions d’euros). Le Conseil d’Administration d’IAG soulignait alors qu’il « continue de croire » que cette acquisition de la compagnie de l’alliance SkyTeam « reste stratégiquement importante » pour l’avenir d’IAG et d’Iberia (membre de Oneworld comme British Airways), et « positionne le Groupe pour bénéficier d’opportunités de croissance alors que le secteur émerge de l’impact sans précédent » de crise sanitaire.

Mais en juin dernier, l’Europe avait lancé une enquête approfondie au regard du règlement sur les concentrations, IAG et Air Europa étant respectivement les premier et troisième fournisseurs de vols réguliers passagers en Espagne. L’enquête préliminaire avait révélé que les futurs partenaires étaient en concurrence directe sur le marché des services de transport aérien de passagers en Espagne, « en particulier sur des liaisons reliant Madrid aux États-Unis et à l’Amérique Latine », et sur plusieurs liaisons intérieures et court-courriers, « dont des liaisons d’apport vers Madrid empruntées par les passagers qui poursuivent leur voyage sur des vols long-courriers vers les États-Unis et l’Amérique latine ». La Commission disait alors craindre que l’opération envisagée ne « réduise sensiblement la concurrence en ce qui concerne les dessertes entre 70 paires de villes de départ et de destination, en Espagne et au départ/à destination de l’Espagne », pour lesquelles les deux compagnies aériennes proposent des liaisons directes. Sur certaines liaisons, IAG et Air Europa étaient alors les deux seules compagnies aériennes présentes.

Le groupe avait présenté fin octobre des concessions afin de répondre aux préoccupations antitrust de la Commission, sans les détailler. IAG avait par exemple signé un accord avec la low cost espagnole Volotea « l’achat » de plusieurs liaisons. La Commission européenne avait du coup prolongé jusqu’au 4 janvier 2022 le délai provisoire pour se prononcer sur l’opération, une date fixée au 3 décembre après avoir déjà été prolongé une fois.

Aucune des parties n’a commenté cette annonce. Selon les sources d’El Confidencial, Iberia et Air Europa auraient convenu ensemble de la suspension de la fusion, afin d’éviter un veto européen et de se donner le temps de renégocier. Le groupe aurait accepté de payer 75 millions d’euros au lieu des 40 prévus dans le contrat en cas d’échec pour se « libérer », et que le patron de Globalia se serait préparé à demander en justice. Donnant à Iberia une position privilégiée pour reprendre la manœuvre quand les conditions du secteur seront meilleures. Rappelons que ne resteraient alors en Espagne, face au nouveau géant, que Volotea donc, Binter, Canaryfly, Plus Ultra Lineas Aereas et Wamos entre autres.

Avant la crise sanitaire, Air Europa desservait 69 destinations principalement en Europe et en Amérique du Sud, avec 66 avions. Sa flotte, menacée de saisies au début de l’année, compte aujourd’hui 45 ATR, Boeing 737 et 787 Dreamliner, et Embraer 195. Sa dette est estimée à 800 millions de dollars hors SEPI.

IAG ne veut plus d’Air Europa – pour l’instant ? 1 Air Journal

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