Le syndicat de pilotes SNPL France ALPA a fait part jeudi de son « profond soulagement » à l’annonce de l’appel interjeté ce jour-même à l’encontre de la relaxe d’Airbus et Air France, dans le dernier procès sur le crash du vol AF447 entre Rio et Paris.

Dans un communiqué diffusé ce 27 avril 2023, le syndicat explique que cette décision de relaxe des accusations d’homicides involontaires rendue la semaine dernière « est d’autant plus incompréhensible puisque le Tribunal a pourtant jugé avec sévérité le comportement d’Airbus. Il a notamment jugé qu’Airbus avait commis une faute caractérisée en choisissant de ne pas rendre obligatoire un entraînement régulier des pilotes à la procédure de récupération du décrochage, pourtant cruciale ».

Défendant comme se doit les pilotes d’Air France depuis l’accident, ce qui revient à attaquer l’avionneur, le SNPL poursuit : le tribunal correctionnel « a aussi considéré comme fautif de ne pas avoir privilégié dans le choix du type de sondes celui qui offrait un seuil de risque minimal, et relevé que les considérations économiques n’étaient manifestement pas absentes des raisons de ce choix, en contradiction avec la culture de sécurité absolue revendiquée par Airbus ». 

Dans ces conditions, « considérer que le lien de causalité entre les fautes commises et l’accident n’était pas certain était tout simplement incompréhensible et dangereux. Incompréhensible car un tel raisonnement est contraire à la loi qui considère comme coupable d’homicide involontaire celui qui a contribué à créer les circonstances qui ont permis la réalisation de l’accident. Et dangereux car ce raisonnement aboutit à l’impunité du constructeur ».

L’appel du Parquet Général ce jeudi va permettre à la Cour d’appel « d’examiner à nouveau » les responsabilités d’Airbus et d’Air France dans cette tragédie, « garantissant aux proches des victimes l’accès au droit fondamental que constitue le double degré de juridiction. La décision de première instance avait déjà apporté un cinglant démenti à Airbus qui rejetait toute faute, et considérait que seul l’équipage était responsable de cet accident. Le SNPL poursuivra son action afin que les responsabilités pénales d’Airbus et d’Air France soient enfin reconnues. Il le doit à la mémoire des 228 victimes de l’accident de l’AF447 », conclut le syndicat.

Parmi les 216 passagers et 12 membres d’équipage à bord de l’A330-200 (F-GZCP) disparu dans l’océan Atlantique se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Air France et Airbus ont exprimé « la plus profonde compassion » aux proches des victimes, soulignant que la sécurité reste « au cœur de leurs préoccupations » tout en expliquant que le jugement de lundi était « cohérent » avec le non-lieu rendu lors d’un précédent procès.

Selon le rapport du BEA publié en juillet 2012, le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’A330, et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil. Des facteurs humains seuls (des erreurs de pilotage en l’occurrence) ou techniques seuls (givrage des sondes Pitot, vitesses affichées erronées, alarmes intempestives,…) ne pouvaient expliquer le crash, ont conclu les enquêteurs.

Crash du vol AF447 : « profond soulagement » pour le SNPL 1 Air Journal

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