La Federal Aviation Administration (FAA) a annoncé vendredi son intention d’infliger une amende de 3,1 millions de dollars à Boeing pour une série de violations de sécurité, dont certaines liées à l’incident en vol d’un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines en janvier 2024, ainsi que pour avoir interféré avec l’indépendance des inspecteurs fédéraux.

Selon l’agence américaine, des centaines d’irrégularités ont été relevées dans le système de qualité du constructeur sur la chaîne d’assemblage du 737 à Renton (État de Washington) et au sein de son sous-traitant Spirit AeroSystems à Wichita (Kansas). Dans deux cas, Boeing aurait présenté à la FAA des appareils non conformes pour l’obtention de leur certificat de navigabilité et enfreint ses propres règles internes de contrôle qualité. Un employé de Boeing aurait par ailleurs fait pression sur un collègue chargé d’effectuer, au nom de la FAA, un examen de conformité. Bien que ce dernier ait déterminé qu’un 737 MAX ne répondait pas aux normes requises, il aurait subi des pressions pour valider l’appareil afin de permettre au constructeur de respecter son calendrier de livraisons.

Ni Boeing ni Spirit AeroSystems n’ont immédiatement réagi. Ce nouveau revers intervient alors que le National Transportation Safety Board (NTSB) avait déjà dénoncé en juin dernier de graves défaillances dans la culture de sécurité du groupe. L’agence d’enquête avait notamment pointé l’absence d’installation de quatre boulons essentiels lors de la production du MAX 9 impliqué dans l’incident d’Alaska Airlines, survenu à peine quelques minutes après le décollage de Portland. « Les manquements à la sécurité qui ont conduit à cet accident auraient dû être évidents pour Boeing et la FAA », avait alors déclaré Jennifer Homendy, présidente du NTSB, dans son discours d’ouverture. « Je me pose beaucoup de questions sur la position de la FAA pendant tout ce temps. La FAA est la dernière barrière de défense absolue en matière de sécurité aérienne », avait-t-elle ajouté.

La polémique fragilise encore Boeing alors que la FAA maintient depuis début 2024 une limite de production fixée à 38 Boeing 737 MAX par mois. Interrogé cette semaine par Reuters, l’administrateur de la FAA, Bryan Bedford, a indiqué qu’aucune décision n’avait été prise sur un éventuel assouplissement de ce plafond ou sur un changement de mode de supervision du constructeur. Dans l’attente, l’agence continue d’inspecter directement chaque 737 MAX et 787 Dreamliner avant leur certification, une tâche généralement confiée aux fabricants eux-mêmes dans le cadre de la délégation de certification.

Cette amende de 3,1 millions de dollars reste modeste au regard des difficultés structurelles rencontrées par Boeing ces dernières années, notamment après les crashs mortels de deux 737 MAX en 2018 et 2019, qui avaient entraîné 20 mois d’immobilisation mondiale de la flotte. Mais elle illustre la sévérité accrue des régulateurs vis-à-vis du constructeur, déjà sous pression pour restaurer la confiance des compagnies aériennes, des passagers et des investisseurs.

Boeing visé par une amende de 3,1 millions de dollars par la FAA pour manquements répétés à la sécurité 1 Air Journal

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