La compagnie malaisienne AirAsia, filiale du groupe Capital A, a confirmé être en discussions avancées avec le constructeur chinois COMAC en vue d’une éventuelle commande du C919, le monocouloir développé à Shanghai.

L’annonce a été faite par son directeur général, Tony Fernandes, en marge du Belt and Road Summit organisé à Hong Kong. Si les négociations aboutissent, AirAsia deviendrait le premier transporteur étranger à intégrer le C919 dans sa flotte, marquant une étape symbolique dans l’ambition chinoise de s’imposer sur le marché mondial des avions commerciaux, jusqu’ici dominé par Airbus et Boeing. L’appareil, capable d’accueillir jusqu’à 192 passagers en haute configuration et doté d’une autonomie allant jusqu’à 5 555 km, vise précisément le créneau des liaisons court et moyen-courrier, qui constituent l’essentiel du marché aérien en Asie du Sud-Est.

Cette volonté s’inscrit dans une dynamique de forte croissance du trafic entre la Chine et l’ASEAN. Selon l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC), 2 552 vols réguliers relient chaque semaine la Chine aux pays de l’Asie du Sud-Est, soit une hausse de 8,3% sur un an. Avec une population combinée de près de 700 millions d’habitants et l’intensification des échanges commerciaux régionaux, la zone est devenue l’un des marchés les plus stratégiques pour les compagnies aériennes.

La Malaisie, hub naturel grâce à son aéroport international de Kuala Lumpur, joue un rôle charnière dans cette croissance. Le ministre malaisien des Transports, Anthony Loke, a encouragé la COMAC à intensifier ses efforts de marketing international, affirmant que l’exploitation du C919 à l’étranger contribuerait à renforcer la confiance dans l’appareil. « Dès qu’une compagnie aérienne étrangère pilote votre avion, la confiance s’accroît et vous devenez un acteur international », a déclaré M. Loke. « Même si dix avions sont exploités par une compagnie étrangère, cela aura un impact considérable, car c’est une reconnaissance de la sécurité et de la fiabilité de l’appareil. »

A ce jour, la flotte d’AirAsia est entièrement composée d’appareils Airbus, principalement des monocouloirs des familles A320 et A321 (versions ceo et neo), ainsi que des gros-porteurs A330 pour les vols long-courriers via la filiale AirAsia X.  AirAsia et ses filiales (Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Philippines, Inde) exploitent un total d’environ 200 A320ceo et 40 A320neo, avec plus de 270 A320neo encore en commande.

L’intérêt d’AirAsia intervient alors que les carnets de commandes d’Airbus et Boeing sont saturés. Airbus, avec son A320neo, affiche plus de 10 000 commandes, et fait face à des retards de livraison en raison des contraintes industrielles et de la disponibilité limitée des moteurs. Boeing, de son côté, peine également à réduire ses retards accumulés sur le 737 MAX.

Le C919 apparaît donc comme une alternative crédible à moyen terme, bien que son programme reste encore en phase de montée en cadence. Seuls quelques exemplaires ont été livrés à ce jour à la compagnie publique China Eastern Airlines. En début d’année, l’avionneur chinois COMAC prévoyait d’augmenter sa capacité de production de ses monocouloirs C919 à 50 unités et de livrer jusqu’à 30 appareils cette année.

Dans le passé, le programme C919 a progressé lentement. Pour un programme lancé en 2008, la production a commencé en décembre 2011, le premier prototype étant déployé en novembre 2015. Il a effectué son vol inaugural le 5 mai 2017. Le premier avion a été livré à China Eastern Airlines en décembre 2022 pour un premier vol commercial en mai 2023.

Les enjeux de certification internationale, en particulier auprès de l’AESA (Europe) et de la FAA (États-Unis), restent également un défi majeur à surmonter pour COMAC avant d’espérer s’imposer véritablement hors de Chine.

AirAsia en pourparlers pour acquérir l’avion chinois COMAC C919 1 Air Journal

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