La compagnie aérienne Qatar Airways ne devrait remettre en service que cinq de ses dix Airbus A380, tandis qu’Emirates Airlines n’attend pas ses Boeing 777X avant 2023 voire 2024. De son côté, Qantas se prononcera d’ici la fin de l’année sur l’avenir de son Project Sunrise de vols directs vers l’Europe en A350-1000.

On connaissait déjà l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les très gros-porteurs, Air France ayant pas exemple accéléré le départ de ses superjumbos. Le 13 janvier 2021, le patron de Qatar Airways a expliqué que la remise en service de ses A380 ne concernera que la moitié de la flotte, les dix exemplaires étant cloués au sol depuis le début de la crise sanitaire. Aucune date n’a été donnée par le CEO du groupe qatari Akbar Al Baker, mais il a répété ses précédents commentaires sur le superjumbo lors d’une conférence de CAPA en ligne : l’A380 est « l’un des pires avions en termes d’émissions qui vole aujourd’hui. C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas les exploiter dans un avenir prévisible, et même lorsque nous les exploiterons, nous n’opérerons que la moitié du nombre que nous avons ».

Rappelons que le patron de la compagnie nationale basée à l’aéroport de Doha-Hamad International avait annoncé dès mai 2019 que les A380 commenceront à sortir de la flotte en 2024, et ce sera chose faite d’ici 2028. Ses superjumbos sont configurés pour accueillir 8 passagers en première, 48 en classe Affaires et 461 en Economie. Avant la crise sanitaire, ils étaient déployés régulièrement vers Paris-CDG, Londres-Heathrow, Francfort, Sydney, Melbourne et Perth.

A380 de Qatar Airways, 777X d’Emirates Airlines, A350-1000 de Qantas 1 Air Journal

©Qatar Airways

Pessimisme similaire chez Emirates Airlines pour les futurs Boeing 777X dont elle est le meilleur client avec 126 exemplaires attendus : le président Tim Clark a expliqué à l’agence Reuters ses incertitudes sur l’entrée en service du 777-9, déclarant que c’est « la question de quand l’appareil pourra être fin et certifié et prêt à entrer en service. Ce pourrait être en 2022, en 2023, ce pourrait même être plus long ». « Nous allons donc simplement attendre de voir ce que Boeing fera à cet égard, et nous prendrons une décision sur la façon dont ils s’intègrent dans la flotte à ce moment-là », a-t-il ajouté.

Fin décembre, Emirates Airlines avait déjà annoncé le report à 2023 au plus tôt de ses premiers 777X. Initialement attendue à partir de juin dernier, la commande de 150 777X passée en 2013 (Emirates avait annoncé en 2017 être compagnie de lancement, avant d’être remplacée par Lufthansa) avait été réduite à 126 avions en novembre 2019, sans précision sur la répartition entre 777-9 et 777-8 (115 et 35 respectivement initialement, 101 et 25 selon certaines sources). 

Les retards du programme 777X sont avant tout liés à son développement : le 777-9 a effectué son vol inaugural le 25 janvier dernier, après de nombreux problèmes des moteurs GE9X et une rupture impressionnante de fuselage lors des essais de flexion des ailes. La campagne de certification avait été interrompue fin mars, comme toutes les activités dans la région de Seattle pour cause de crise sanitaire, avant de reprendre à l’automne. Rappelons que le développement du 777-8 a été suspendu il y a 16 mois afin de « réduire le risque du programme de développement et assurer une transition plus fluide » vers l’appareil plus petit mais au rayon d’action plus long.

A380 de Qatar Airways, 777X d’Emirates Airlines, A350-1000 de Qantas 2 Air Journal

©Emirates

Enfin concernant l’Airbus A350-1000 (plus petit il est vrai que les deux avions ci-dessus), le CEO de Qantas a annoncé à Executive Traveller qu’il « revisitera » vers la fin 2021 le Project Sunrise, reporté sine die en mai dernier pour cause de crise sanitaire – et donc sa commande de jusqu’à 12 exemplaires de l’avion choisi en décembre 2019. Pour Alan Joyce, le projet devrait « être encore plus attrayant » une fois la pandémie passée : « les gens dans le monde post-COVID voudront voler directement plutôt que faire des escales », ce qui « rend l’analyse de rentabilisation du Projet Sunrise encore meilleure qu’elle ne l’était » avant la crise pandémie.

Il rappelle toutefois ne pas espérer avant 2023-2024 un retour aux niveaux de trafic international de 2019. En attendant, les vols directs entre Perth et Londres devraient reprendre en juillet prochain ; « c’était la route avec le plus haut niveau de satisfaction de tout notre réseau », a rappelé le CEO, et il s’attend à avoir « la même dynamique » sur les futures lignes.

Lancé en aout 2017 pour des débuts à l’horizon 2022-2023, le Project Sunrise doit voir Qantas proposer des vols ultra-long courrier depuis les aéroports de la côte est de l’Australie, à commencer par Sydney et Melbourne. Paris, New York, Londres, Francfort, Le Cap ou Rio de Janeiro ont déjà été nommées comme cibles potentielles, JFK et Heathrow devant être les premiers aéroports desservis depuis Sydney. 

A380 de Qatar Airways, 777X d’Emirates Airlines, A350-1000 de Qantas 3 Air Journal

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