Après Air France et Austrian Airlines, les conséquences politiques de l’incident de Ryanair, dont l’avion a été « dérouté » vers Minsk pour arrêter un journaliste d’opposition, ont affecté les compagnies aériennes Lufthansa, Aeroflot et S7 Airlines, dont les vols entre Allemagne et Russie ont été brièvement suspendus hier avant d’être de nouveau autorisés. L’EASA ordonne désormais aux Etats membres d’éviter l’espace aérien de Biélorussie.

Toujours plus d’impact pour les passagers européens après l’incident du vol FR4978 de Ryanair, parti le 23 mai 2021 d’Athènes vers Vilnius et « dérouté » sous prétexte d’alerte à la bombe afin d’arrêter Roman Protasevich et l’étudiante Sofia Sapega qui voyageait avec lui. Le ministère des transports allemand a déclaré mercredi avoir bloqué l’arrivée dans les aéroports du pays des vols exploités par les compagnies aériennes russes, suite au refus de Moscou le matin même d’accepter le vol LH144 de Lufthansa entre Francfort et Moscou, et le LH1436 vers St Petersburg « faute de remise à temps par les autorités des documents nécessaires ». Aeroflot a ainsi vu par exemple son SU2300 entre Sheremetyevo et Francfort annulé, tout comme S7 Airlines son vol S73575 entre la capitale russe et Berlin.

Invoquant la réciprocité, le ministre a souligné que l’Autorité fédérale de l’aviation « n’a pas non plus délivré d’autres autorisations pour les vols opérés par les compagnies aériennes russes tant que des autorisations sont en attente du côté russe ». Mais en fin d’après-midi, tout était rentré dans l’ordre, comme confirmé par les trois compagnies aériennes affectées : le vol de Lufthansa LH1452 entre Francfort et l’aéroport Domodedovo programmé à 19h15 a pu décoller comme prévu, tout comme le LH1458 vers St Petersburg ; Aeroflot et S7 Airlines ont également annoncé ne plus faire face à des refus de desserte de l’Allemagne.

Détournement de Ryanair : bisbille Allemagne – Russie, sévérité de l’EASA 1 Air Journal

©Airbus

Les principales compagnies européennes contournent l’espace aérien de la Biélorussie, suite à l’appel du Conseil européen à fermer son propre espace aérien aux compagnies du pays et interdire les vols vers et depuis Minsk. L’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), qui avait dès la semaine dernière émis un bulletin d’information spécial (SIB) demandant aux compagnies aériennes des 27 membres de l’UE et celles de la Suisse, de la Norvège et le Liechtenstein « d’éviter les opérations dans la FIR Minsk (UMMV), sauf si l’utilisation de cet espace aérien est jugée nécessaire pour assurer un fonctionnement sûr en cas de circonstances imprévues », est passée à la vitesse supérieure. Sa directive de sécurité du 2 juin demande aux Etats membres d’émettre sous 48 heures des NOTAMS interdisant à leurs compagnies aériennes de voler dans l’espace aérien biélorusse (toujours avec la même exception de sécurité). La directive sera réexaminée régulièrement, notamment une fois l’enquête de l’OACI sur l’incident de Ryanair terminée.

« Les circonstances entourant cette action jettent de sérieux doutes sur le respect manifesté par la Biélorussie pour les règles de l’aviation civile internationale, et sont révélatrices d’un abus des procédures de navigation aérienne par les autorités biélorusses », a déclaré l’EASA dans sa directive ; « en tant que tel, il s’agit d’une violation des principes sous-jacents à la confiance mutuelle qui sont à la base de l’aviation civile internationale ». Jusqu’à ce qu’une enquête internationale clarifie les circonstances, l’EASA a « des réserves quant à savoir si l’espace aérien biélorusse peut toujours être considéré comme sûr pour les vols civils par la communauté internationale, car il n’y a pas de confiance totale dans la capacité des autorités biélorusses actuelles à gérer l’espace aérien biélorusse conformément aux accords internationaux ».

Détournement de Ryanair : bisbille Allemagne – Russie, sévérité de l’EASA 2 Air Journal

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