Alors que l’augmentation de la TSBA en France et la montée des redevances aéroportuaires à Amsterdam, pèsent sur les comptes d’Air France-KLM, réduisant substantiellement sa marge opérationnelle malgré une croissance du chiffre d’affaires, Benjamin Smith dénonce des mesures « irresponsables » (du gouvernement Bayrou) assurant qu’elles ont a déjà eu un impact négatif sur le trafic aérien français et plaide pour leur suppression en Europe.

La taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA ou “taxe Chirac”) en vigueur en France est passée à 7,40 euros contre 2,63 euros auparavant pour les vols intérieurs ou vers l’Europe, le gouvernement l’ayant alourdie pour l’année budgétaire 2025, escomptant récupérer 800 millions d’euros de recettes supplémentaires. L’aéroport d’Amsterdam-Schiphol a lui aussi appliqué une hausse spectaculaire de ses taxes aéroportuaires, avec un bond de 41% en 2025, avant d’augmenter de 5% supplémentaires en 2026 puis de baisser de 7,5% en 2027. Cette décision, validée par l’Autorité néerlandaise des marchés, s’explique officiellement par la nécessité de financer un vaste plan de modernisation estimé à 6 milliards d’euros : agrandissement et rénovation des terminaux, amélioration de la qualité de service, renforcement des mesures environnementales et lutte contre le bruit.

Benjamin Smith, PDG d’Air France-KLM, qui a multiplié ces derniers mois les interventions pour critiquer l’augmentation des taxes pesant sur le transport aérien en France et en Europe, remonte au créneau. A l’annonce des résultats du groupe, pourtant excellents au premier semestre, Il a estimé que la TSBA avait « un impact négatif pour l’économie et le tourisme en France ». Surtout, il assure que depuis six mois, « le marché évolue mal ». Il considère cette hausse comme un frein à la compétitivité du secteur et un danger pour l’emploi, tout en dénonçant une « distorsion de concurrence » avec les compagnies étrangères moins taxées.

Dans ses différents plaidoyers, Benjamin Smith s’est toujours fermement opposé à la volonté du gouvernement français d’alourdir la fiscalité sur les billets d’avion pour réduire le déficit public. Il a notamment qualifié d’« irresponsable » l’idée d’augmenter la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), rappelant qu’une nouvelle taxe avait déjà été introduite l’année précédente, faisant de la France « le pays où le transport aérien est le plus taxé en Europe ». Selon lui, une telle mesure aggraverait la perte de parts de marché au profit des compagnies étrangères depuis vingt ans, pesant sur « la destination France » et risquant de déplacer la valeur générée par le trafic aérien français à l’étranger, évoquant même une « taxe d’accès à la France ».

Ce mouvement d’évitement a déjà été initié par Ryanair, qui en riposte à cette augmentation, a annoncé « l’arrêt de ses activités » pour l’hiver 2025 sur les aéroports de Strasbourg, Bergerac et Brive, et une réduction totale de sa présence en France de 13 %.

Benjamin Smith ne conteste pas la nécessité d’une transition écologique – c’est notamment une des explications de l’augmentation des taxes à Asmterdam-Schiphol-, mais il demande que les éventuelles nouvelles recettes fiscales soient strictement fléchées vers la décarbonation du secteur, et non vers la perte de compétitivité. Lors du Paris Air Forum 2025, il a insisté sur la nécessité d’un « level playing field », un terrain de jeu équitable, faute de quoi la compétitivité du transport aérien européen serait durablement compromise. Il réclame une « égalité de traitement » avec les concurrents non-européens et appelle à un leadership européen pour « se battre à armes égales ». Pour Benjamin Smith, les politiques de pressions fiscales accrues mettent « en péril ce que nous avons construit » et menacent la souveraineté et le rayonnement international du secteur aérien français.

A Amsterdam-Schiphol, cette hausse des taxes a des répercussions immédiates pour les compagnies aériennes présentes (à commencer par KLM), qui doivent s’acquitter en moyenne de 15 euros de plus par passager sur un billet d’avion. Ce surcoût pourrait faire de Schiphol l’un des aéroports les plus chers d’Europe, juste derrière Londres. KLM, qui n’a enregistré aucun bénéfice au premier semestre, l’explique par la hausse des coûts, incluant la hausse des taxes aéroportuaires de 41 %.

Sans surprise, Ben Smith y dénonce là encore une décision « préjudiciable à la compétitivité du secteur aérien européen ». Il rappelle que les compagnies aériennes, en convalescence après la crise sanitaire, doivent déjà composer avec des coûts de carburant et de personnel en hausse. Cette augmentation des taxes risque, selon lui, de pénaliser encore davantage l’attractivité d’Amsterdam au profit de hubs concurrents et de renchérir le prix des billets pour les passagers, altérant le partage de la valeur générée dans la région.

Du côté gouvernemental en France, la ministre du Tourisme, Nathalie Delattre, s’est prononcée jeudi, un peu à la surprise générale, « contre toute augmentation » de la taxe aérienne en France selon son ministère. « Je suis aux côtés du ministre (des Transports) Philippe Tabarot pour défendre cette option de supprimer cette taxe (la TSBA, ndlr). » Elle a néanmoins profité de l’occasion pour critiquer l’attitude de Ryanair.« Il n’en reste pas moins que Ryanair a un plan de suppression depuis un moment et profite parfois de ce type d’effet pour réduire la voilure », a-t-elle ajouté.

Ben Smith, patron d'Air France-KLM, vent debout contre l’augmentation des taxes en France et à Amsterdam 1 Air Journal

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