Le président de Turkish Airlines, Ahmet Bolat, a laissé entendre que la compagnie nationale turque pourrait renoncer à sa commande de Boeing 737 MAX en faveur d’Airbus si les discussions avec le motoriste CFM International n’aboutissaient pas à un accord économique satisfaisant.

L’avertissement a été lancé peu après que la compagnie a annoncé une commande provisoire de 150 Boeing 737 MAX, officialisée à l’occasion d’une rencontre, le 25 septembre (et accompagnée d’un achat ferme de 75 gros-porteurs Dreamliner entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Donald Trump. Ce protocole d’accord – estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars – reste suspendu à la conclusion d’un accord séparé sur les moteurs avec CFM International, coentreprise franco-américaine entre GE Aerospace et Safran.

Alors que CFM est actuellement le seul fournisseur de moteurs pour le Boeing 737 MAX et concurrence Pratt & Whitney (filiale de RTX) sur la famille Airbus A320neo, Ahmet Bolat a déclaré à Reuters, depuis Stockholm : « Si CFM parvient à une offre économiquement viable, nous signerons avec Boeing. » Il a toutefois précisé que « les discussions ont progressé, mais que des désaccords subsistent sur les coûts ». Le dirigeant a ajouté : « Si CFM maintient sa position, nous passerons à Airbus. Avec Airbus, j’ai le choix », faisant allusion aux deux motoristes disponibles sur la gamme A320neo : CFM et Pratt & Whitney.

Cette négociation s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de renouvellement et d’expansion de flotte visant à porter la flotte de Turkish Airlines à environ 800 avions d’ici 2033, après une commande record de 220 avions Airbus, composée de 150 A321neo et de 70 des gros-porteurs A350  (50 A350-900, 15 A350- 1000 et 5 cargos A350F), en décembre 2023. Avec un réseau couvrant plus de pays que toute autre compagnie au monde, Turkish Airlines exploite actuellement plus de 200 avions Boeing, dont des 787-9, 777, 737 MAX, 737 « Next-Generation » et 777 Cargo.

Selon plusieurs sources du secteur citées par Reuters, un accord reste probable, compte tenu de l’attention politique portée au projet et de la rareté des créneaux de livraison chez Airbus. Néanmoins, les déclarations de Bolat illustrent une tension croissante sur le marché mondial des moteurs d’avions de ligne.

Tensions grandissantes dans l’industrie des moteurs

Ces dernières années, de multiples pénuries de moteurs et retards de maintenance ont suscité la colère des compagnies aériennes et entraîné une inflation du coût des pièces détachées. Turkish Airlines en souffre également, confrontée à des retards sur ses Airbus équipés de moteurs Pratt & Whitney. Les motoristes justifient, de leur côté, la hausse de leurs tarifs par les risques financiers élevés liés au développement et à la maintenance de ces technologies complexes.

Ahmet Bolat a par ailleurs confirmé que Turkish Airlines reste attentive au programme Boeing 777X, bien que ce dernier ait connu de nouveaux retards. « Nous restons en contact régulier avec Boeing », a-t-il déclaré, précisant que la compagnie évalue les routes sur lesquelles l’appareil serait le plus adapté. « Quand le moment sera venu, nous commanderons des 777X », a-t-il ajouté, en soulignant qu’il n’y avait « aucune urgence ».

Le 777X est présenté comme le plus grand biréacteur civil au monde, mais sa mise en service n’est désormais pas attendue avant 2027, avec près de sept ans de retard sur le calendrier initial.

Turkish Airlines menace de transférer sa commande de Boeing vers Airbus si les négociations sur les moteurs avec CFM échouent 1 Air Journal

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