La compagnie aérienne Qatar Airways affirme désormais que le problème de « peinture » de ses Airbus A350 pourrait entrainer un incendie des réservoirs de carburant, mettant en jeu la sécurité des vols

Enième épisode de la saga judiciaire entre la compagnie nationale qatarie et l’avionneur européen suite à la découverte il y a quinze mois d’un dégradation accélérée de la surface de certains A350 (voir sa vidéo), des documents légaux découverts par l’agence Bloomberg : la compagnie basée à l’aéroport de Doha-Hamad International affirme que selon des documents de l’EASA publiés en avril 2021, la dégradation du mesh anti-foudre « pourrait poser un danger si cela coïncide avec les réservoirs » quand un avion est frappé par la foudre. Qatar Airways affirme que l’usure de la surface des A350 concernés est « telle que le vent et les polluants pourraient pénétrer à travers la surface et endommager ce maillage » : les dommages ayant été constatés sur les ailes où se trouvent les réservoirs de carburant, elle affirme qu’il s’agit justement d’une co-incidence. Cela impliquerait donc bien la sécurité des vols et ne serait pas un simple problème « cosmétique », comme indiqué par Airbus.

Le directeur technique de Qatar Airways, Ali Al Hilli, a déclaré que « la conception et la fabrication de l’A350 sont défectueuses », rappelant que des inspections sur les 23 A350-900 et A350-1000 cloués au sol depuis aout dernier sur ordre du régulateur qatari ont révélé « des fissures, dont certaines graves – en particulier autour des fenêtres – une exposition de la protection contre la foudre et des dommages à la protection contre la foudre » – avec dans certains cas « la base composite du fuselage est visible ».

Airbus a déjà de son côté rejeté toutes les accusations de Qatar Airways, déclarant qu’il n’y a « aucune base raisonnable ou rationnelle » à l’interdiction de vol des A350. Rappelons que début mars, l’avionneur avait demandé aux juges de lui accorder 220 millions de dollars de dommages et intérêts pour le refus de livraison de deux A350 ; Airbus compte également récupérer « des millions de dollars de crédits » accordés à Qatar Airways, montrent les documents légaux. Cette dernière avait déjà demandé 618 millions de dollars de dommages et intérêts pour l’immobilisation au sol de ses A350 affectés par le problème, plus 4 millions par jour d’immobilisation supplémentaire. Fin février, la compagnie aérienne allait devant le tribunal pour demander le rétablissement de la commande de 50 A321neo (dont dix en version LR) attendus à partir de février 2023, une commande annulée par Airbus fin janvier. 

Pas de réaction ce matin à ces annonces ; l’EASA a déjà jugé que les problèmes des A350 n’ont « pas d’incidence sur la navigabilité » aux autres clients ayant constaté le problème, par exemple Finnair dès 2016, suivie depuis par Cathay Pacific, Etihad Airways, Lufthansa et Air France (dans le cadre de la maintenance des avions d’Air Caraïbes) – et dernièrement British Airways et Iberia. LE régulateur européen n’a jamais demandé l’immobilisation au sol des A350 affectés, qui ont été réparés.

 

Malgré l’annonce d’une commande de 100 Boeing 737 MAX 10 (et 36 777-8F) pour remplacer les A321neo, plusieurs représentants de Qatar Airways ont réfuté les affirmations selon lesquelles les relations entre les deux seraient devenues “tendues”. Le directeur principal de la supervision de la production et des livraisons d’avions de la compagnie qatarie, Krunoslav Krajacevic, a d’ailleurs déclaré à Bloomberg : « Qatar Airways et Airbus travaillent ensemble depuis plus de 20 ans, je suis convaincu que la relation restera forte et se poursuivra malgré ces procédures ».

L’affaire passera devant la Haute Cour de Londres fin avril, si aucun règlement à l’amiable n’est trouvé d’ici là.

Qatar Airways et l’A350 : des dangers d’incendie ? 1 Air Journal

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