La compagnie aérienne Qatar Airways ayant de nouveau refusé la livraison d’un A350, Airbus l’aurait supprimé de son carnet de commandes – comme deux fois auparavant. Un épisode de plus dans la bataille que se livrent depuis plus d’un an les deux partenaires à propos des « problèmes de peinture » des A350.

Citant deux personnes proches du dossier, l’agence Reuters a annoncé le 4 avril 2022 le dernier épisode du conflit désormais judiciaire mené à Londres entre la compagnie nationale qatarie basée à l’aéroport de Doha et l’avionneur européen. Après avoir réclamé début mars à la justice 220 millions de dollars pour non-paiement de deux A350 dont Qatar Airways avait refusé la livraison (l’avionneur compte également récupérer « des millions de dollars de crédits » accordés à la compagnie aérienne), Airbus aurait retiré du carnet de commandes un troisième appareil pour le même motif. Ce carnet de commandes ne contiendrait donc plus que vingt avions, en l’occurrence des A350-1000 (21 non livrés figuraient encore dans les listings d’Airbus fin février). Aucune des deux parties n’a commenté cette information.

Alors qu’aucune audience n’est attendue avant fin avril à la Haute Cour de Londres, cet énième épisode intervient après que Qatar Airways a fait monter la tension en assurant que les défauts de surface au cœur de l’affaire entraineraient un risque d’incendie. Elle avait déjà demandé 618 millions de dollars de dommages et intérêts pour l’immobilisation au sol des 23 A350 affectés par le problème, plus 4 millions par jour d’immobilisation supplémentaire ; le total réclamé dépasserait désormais le milliard de dollars. Fin février, Qatar Airways était également allé devant le tribunal pour demander le rétablissement de la commande des 50 A321neo (dont dix en version LR) attendus à partir de février 2023, une commande annulée par Airbus fin janvier ; Reuters souligne qu’elle devrait retourner devant la cour pour demander une extension du gel de cette annulation, un gel décidé mi-février.

Rappelons que la dispute a conduit Qatar Airways à clouer au sol 23 A350-900 et A350-1000 depuis aout dernier, sur ordre du régulateur qatari ; 28 autres sont actuellement déployés. Par crainte de manquer de capacité en particulier pour la Coupe du Monde de football et l’accueil des visiteurs attendus, elle a remis en service treize A330, loué des gros-porteurs et ressorti des A380 pourtant tant décriés par son patron ces derniers mois.

Airbus a rejeté toutes les accusations de Qatar Airways, déclarant qu’il n’y a « aucune base raisonnable ou rationnelle » à l’interdiction de vol ; au contraire, la compagnie aérienne aurait « cherché à organiser ou a acquiescé » à la décision d’immobiliser les avions parce qu’il était dans son intérêt économique de le faire « compte tenu de l’impact de la pandémie de coronavirus ». Airbus affirme toujours que les défauts de peinture ne sont qu’un problème cosmétique ne justifiant ni l’immobilisation des A350, ni le refus de livraisons. Le régulateur européen EASA n’a pas jugé la dégradation des surfaces de l’A350 comme une menace pour la sécurité des vols, son homologue qatari restant le seul au monde à avoir pris la mesure. 

D’autres clients ont pourtant constaté le problème, par exemple Finnair dès 2016, suivie depuis par Cathay Pacific, Etihad Airways, Lufthansa et Air France (dans le cadre de la maintenance des avions d’Air Caraïbes), ou plus récemment British Airways et Iberia. La compagnie allemande aurait en particulier renvoyé trois A350 pour être repeints, gratuitement dans le cadre de la garantie ; mais aucun opérateur autre que Qatar Airways n’a cloué au sol les A350 affectés.

Airbus v Qatar Airways : un 3eme A350 annulé 1 Air Journal

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